Description : Introduction : de nos jours, les praticiens qui exercent la médecine générale stricto
sensu se font de plus en plus rares. Les quotas de médecins généralistes ne sont donc
que rarement atteints et le phénomène de la réorientation professionnelle n’améliore
pas ce déficit. Notre objectif était donc de connaitre et surtout comprendre pourquoi,
après de longues et pénibles études, un interne ou un médecin expérimenté, ayant choisi
médecine générale s’en désintéresse au profit d’autres médecines plus spécialisées.
Matériel et méthodes : nous avons réalisé une étude qualitative par entretiens semi-dirigés
auprès de médecins généralistes de la région Provence Alpes Côte d'Azur ayant arrêté
la médecine générale. Les entretiens ont été enregistrés via un dictaphone numérique
puis retranscrits sous la forme de verbatim, en respectant l’anonymat. Une analyse
manuelle systématique a permis d’extraire du discours des médecins des mots clés puis
des notions, colligés dans des tableaux. Résultats : au total, l’échantillon contenait
dix-neuf médecins de profils variés. La qualité de vie et le manque de temps pour
soi, des charges administratives excessives, une relation médecin patient délétère,
une perte de contrôle de sa pratique, des mauvais rapports avec la sécurité sociale
avec un sentiment d’esclavagisme, la solitude, un manque de reconnaissance par ses
pairs sont autant d’arguments exprimés par les médecins de notre étude pour expliquer
leur changement d’orientation. Les deux arguments prédominants et en lien avec tous
les autres restent tout de même l’épuisement professionnel et surtout l’aspect financier.
Les principales solutions envisagées face à cet exode massif des médecins généralistes
est un remodelage total du système de santé et une révision à la hausse de la rémunération
des praticiens. La principale limite serait la perte totale d’indépendance des médecins
libéraux. Discussion : la comparaison aux données de la littérature a permis une triangulation
des données. Une ouverture a ensuite été faite sur les solutions visant à améliorer
le quotidien des médecins généralistes afin d’éviter les changements de carrière.
Une réflexion a également été centrée sur l’impact de la qualité de vie, de la relation
médecin malade, de la relation avec les autres spécialités et la sécurité sociale
sur le vécu des médecins généralistes et les risques d’épuisement professionnel. Conclusion
: au terme de notre étude, on constate que l’argument de la qualité de vie et de la
qualité de travail est au centre des discussions pour expliquer le changement d’orientation.
Mais derrière ces requêtes se cache celle de la rémunération. Une revalorisation à
la hausse des salaires des médecins libéraux permettrait d’allier épanouissement professionnel
et personnel. Tout ceci nécessite de passer par un remodelage total du système de
santé.;