Description : CONTEXTE : Le vécu émotionnel des étudiants en stage est riche et intense. Son influence
sur le développement des compétences professionnelles est reconnue, pourtant l’expression
des émotions ne semble pas avoir sa place dans les services hospitaliers. L’objectif
était de comprendre la place et l’évolution du vécu émotionnel dans la relation de
soin. METHODE : Une étude qualitative a été réalisée par entretiens individuels compréhensifs
auprès d’étudiants en DFASM1 et DFASM2 entre décembre 2018 et mars 2020. Une analyse
selon une approche par théorisation ancrée a été menée jusqu’à suffisance des données.
RESULTATS : Neuf entretiens ont permis d’obtenir la suffisance des données. L’attachement
initial au patient favorisait l’envahissement émotionnel. L’annonce d’une mauvaise
nouvelle, l’arrêt de soin et le décès d’un patient avec lequel l’étudiant avait créé
un lien entraînaient un vécu particulièrement difficile. Les étudiants mettaient en
place des stratégies d’ajustement et adoptaient une attitude réflexive leur permettant
d’engager et développer leur intelligence émotionnelle. Une part importante de l’apprentissage
se faisait de manière officieuse, au gré des rencontres et des expériences. L’autonomisation
supervisée par un encadrant bienveillant était garant d’une formation sécurisée. Les
rétroactions pédagogiques et les temps dédiés à l’expression du vécu émotionnel favorisaient
le vécu positif et diminuaient l’anxiété. A l’inverse, réprimer ses émotions risquait
de mener l’étudiant vers l’épuisement émotionnel et la souffrance. CONCLUSION : Le
vécu émotionnel est en perpétuelle évolution au gré des stages. Son influence sur
la formation médicale est pourtant largement sous-estimée et rarement prise en compte.
Des enseignements spécifiques pourraient être proposés aux étudiants (mises en situation,
groupes de réflexions) et aux encadrants (sensibilisation au curriculum caché). Instaurer
un temps dédié à l’expression en stage et proposer un suivi médico-psychologique aux
étudiants dès les premières années d’études pourraient être bénéfique. Le point de
vue des encadrants sur la place du vécu émotionnel dans la formation des étudiants
qu’ils accompagnent serait intéressant à explorer.;