Description : Introduction : l’annonce d’un décès aux proches des patients est un moment important
dans l’exercice de la médecine, engendrant de forts ressentis pour la personne recevant
cette information. L’interne, au statut particulier à mi-chemin entre médecin et étudiant,
est formé autour d’un savoir théorique, pauvre concernant l’annonce et la mort, et
un savoir pratique en cours de construction. Ce parallèle, peu compatible, rendait
l’étude de ce temps d’annonce intéressant. L’objectif de cette étude était donc de
décrire les vécus des internes en médecine générale durant l’annonce de décès à un
proche. Méthode : il s’agit d’une étude observationnelle transversale qualitative
par 14 entretiens semi dirigés, menés entre juillet et aout 2018, réalisée auprès
d’internes de médecine générale. Un codage axial et ouvert des verbatims a été effectué
à l'aide du logiciel Nvivo selon la méthode de Théorisation Ancrée. Résultats : cinq
composantes importantes ont été identifiées dans les vécus des internes. 1- Leurs
ressentis : émotions et sentiments autant positifs que négatifs, très fortement rapportés
en nombre et en intensité : « confronté à autant de… faire face ». 2- L’expression
d’une relation, d’un échange, matérialisée par une communication et des attitudes,
peu maitrisées : « le contact… juste être proche ». 3- Plusieurs difficultés issues
des deux premiers points, qu’elles soient liées au patient, au proche, au décès, au
rythme hospitalier ou encore à l’interne lui-même : « c’est compliqué… il faut répondre
». 4- L’absence de formation initiale avec un apprentissage qui se réalise sur le
tas mais permet l’apparition au fur et à mesure de l’expérience, d’une forme d’avancement,
tantôt positif, tantôt négatif : « démuni… sur le tas ». 5- Enfin une forme de tabou
à ce propos au sein de la profession « on n’en parle pas… grosse omerta ». Conclusion
: l’annonce de décès nécessite de développer une intelligence émotionnelle et de libérer
une parole sur les émotions. Les étudiants se retrouvent en difficulté dans la rencontre
pour communiquer et adopter ses attitudes. Enfin un compagnonnage, la collégialité,
la co-construction et le retour sur expérience par le debriefing apparaissent bien
utiles en apprentissage.;