Description : Introduction : le recours aux thérapies complémentaires, dont l'acupuncture, est un
phénomène de plus en plus fréquent chez les patients suivis en médecine générale.
Cela implique une adaptation des médecins généralistes et des patients à de nouveaux
intervenants dans le parcours de soins du patient. Les interactions particulières
entre les trois acteurs ont été peu étudiées. Objectif : explorer les représentations
et modes de fonctionnement des acteurs au sein de la relation triangulaire médecin
généraliste, patient, acupuncteur. Matériel et méthode : étude qualitative. Recueil
des données par entretiens individuels semi-dirigés auprès de patients, médecins généraliste
et acupuncteurs selon un guide d'entretien évolutif. Réalisation d’un focus-group
dans la population des acupuncteurs. Echantillonnage en variation maximale. Double
codage des données et analyse selon la méthode de la théorisation ancrée avec modélisation
des résultats. Résultats : 22 patients, 13 médecins généralistes et 15 acupuncteurs
(7 médecins et 8 non-médecins) ont participé à l’étude. Les patients avaient recours
à l’acupuncture en complément de l’allopathie. Ils choisissaient ou étaient contraints
d’être les intermédiaires exclusifs entre médecins généralistes et acupuncteurs. Le
vécu de cette position variait selon les patients. Le manque de connaissance de l’acupuncture
par les médecins généralistes induisait des représentations variées sur la pratique
(crainte, scepticisme, confiance). Ils devaient s’adapter à ce recours choisi par
leur patient, en prenant en compte trois facteurs : le rôle du patient, la communication
avec les acupuncteurs, et leur rôle de médecin généraliste. Les acupuncteurs soulignaient
la complémentarité de leur pratique, son utilité, ainsi que la méconnaissance à son
égard. Ils faisaient des efforts pour promouvoir l’acupuncture mais se heurtaient
à des obstacles (scepticisme, difficulté de communication) qui impactaient leurs modes
de fonctionnement, et les isolaient du parcours de soins. Une majorité d’entre eux
trouvait le cadre de pratique inadapté (médecins et non-médecins) et souhaitait une
évolution de la situation de l’acupuncture en France. Conclusion : les difficultés
d’interactions induisent un éclatement du parcours de soin du patient. Dans ce système
cloisonné, la trop grande autonomie du patient le rend vulnérable. L’ensemble des
participants souhaite un changement pour une meilleure intégration de l’acupuncture.
Pour les patients, plus de communication entre les soignants et avec leur médecin
généraliste ; pour les médecins généralistes, plus de formation et d’informations
sur l’acupuncture ; pour les acupuncteurs, plus de reconnaissance de leur pratique.;