Description : La population des adolescents et des jeunes adultes (AJAs 15-25 ans) atteints de cancer
représentent environ 1700 nouveaux cas, par an, en France. L'apparition d'une maladie
cancéreuse, potentiellement létale, au cours de l'adolescence, vient impacter à différents
niveaux les jeunes patients. La vie est rythmée selon les examens médicaux, traitements
et/ou hospitalisations. La scolarité ou l'activité professionnelle sont bien souvent
suspendues, reportées voire même remaniées. Alors qu'à cette période de développement
les adolescents tentent de se séparer de leurs parents, tant affectivement, que financièrement
et socialement, on observe bien souvent un mouvement de retour vers les figures parentales.
De plus, la maladie vient directement impacter le corps qui est, entre autre, au centre
des préoccupations des adolescents. Ainsi, les problématiques adolescentes sont à
la croisée de la maladie et du développement dit « normal » de l'adolescent. Par ailleurs,
nous savons que l'adolescence est la période des premières expériences en termes de
relations amoureuses, sexuelles et de consommations de substances (alcool, tabac,
cannabis). C'est également une période propice aux addictions comportements, telles
que les jeux vidéo et internet et les troubles des conduites alimentaires. Cette recherche
a pour objectif de décrire les consommations d'alcool, de tabac et de cannabis chez
une population d'adolescents et de jeunes adultes atteints de cancer, ainsi que les
conduites alimentaires et en ligne. Cette étude vise également à décrire et comprendre
le vécu de ces jeunes et les stratégies adaptatives auxquelles ils ont recours pour
faire face à la fois à l'annonce de la maladie et aux traitements. Une méthodologie
mixte a été utilisée. Le volet quantitatif, utilise un ensemble de questionnaires
évaluant les stratégies de coping, la symptomatologie anxio-dépressive, les consommations
de tabac, d'alcool et de cannabis, ainsi que les conduites alimentaires et le comportement
en ligne. Cette étude propose un suivi de cohorte durant la phase de traitement curatif
(N 66) ; 6 mois après le début des traitements (N 20) où l'on met en relation les
stratégies adaptatives initiales ainsi que les consommations et conduites alimentaires
et en ligne. Le volet qualitatif, propose une exploration du vécu personnel de six
jeunes patients confrontés à la maladie et aux traitements à l'aide de l'Interpretative
Phenomenological Analysis. Les analyses quantitatives ont montré que la grande majorité
des participants ne présentaient pas de symptomatologie anxio-dépressive durant les
traitements anti-cancéreux et qu'ils se tournaient globalement vers des stratégies
centrées sur le problème (acceptation et réinterprétation positive). Une minorité
de participants déclarent consommer de l'alcool (3%), du tabac (1,5%) et du cannabis
(4,5%). Les participants déclarant avoir des préoccupations concernant l'alimentation
représentent 9% de l'échantillon et enfin, environ 19% des participants déclarent
un usage problématique d'internet avec de possibles conséquences. Six mois après le
début des traitements, l'intensité de la symptomatologie anxio-dépressive a tendance
à diminuer. Il n'existe pas de différences significatives entre les scores de conduites
à risque au T1 et T2 et les stratégies d'ajustement restent inchangées entre la première
et la deuxième passation. Dans les premiers mois de prise en charge, les adolescents
et jeunes adultes ne présentent pas de symptomatologie anxio-dépressive structurée.
Leur modalité de consommation ne présente pas de risque concernant l'observance aux
traitements anti-cancéreux. Enfin, les éléments recueillis à travers ce travail et
notamment les analyses qualitatives, permettent de mieux comprendre et d'appréhender
le vécu des jeunes patients traités pour une maladie cancéreuse.;