Description : À toute époque, la contention physique a fait partie intégrante de la prise en charge
des malades mentaux, pratique à vocation sécuritaire le plus souvent, parfois outil
thérapeutique. Sa recrudescence dans les services psychiatriques constatée depuis
les années 2000 la replace aujourd'hui au centre des préoccupations du personnel soignant
et des usagers, mais aussi des législateurs et des politiciens. L'objectif de cette
étude épidémiologique descriptive transversale du vécu soignant, jusqu'alors peu exploré,
est de mettre en exergue le positionnement des soignants confrontés à cette pratique.
Les résultats montrent une charge émotionnelle intense, avec dominance de la culpabilité,
de la frustration et du sentiment d'échec. Cet acte reste néanmoins considéré comme
difficile mais nécessaire. Une volonté de changement est perceptible, avec émergence
de voies d'amélioration, comme la généralisation des formations à la gestion de la
violence et l'ouverture de temps de parole en équipe autour des expériences de mises
sous contention. Au vu des résultats et par l'observation d'autres modèles d'organisation
des soins, une réflexion sur l'usage de ce moyen de contrainte semble incontournable,
intégrant une dimension éthique. Les recommandations récentes et la loi en vigueur
visent la réduction de la contention, désignée comme dernier recours, et une meilleure
traçabilité de son utilisation. Accorder les pratiques des établissements de santé
mentale à ces aspirations ne pourra se faire sans inclure les soignants ni leur en
offrir les moyens humains et matériels.;