Description : Introduction : La maladie de Crohn (MC) et la rectocolite hémorragique (RCH) sont
deux maladies chroniques inflammatoires (MICI) en augmentation dans le monde et deviennent
un des nouveaux challenges de santé publique. Il n’y a pas de traitement curatif,
mais les traitements actuels peuvent permettre un excellent contrôle de la maladie
voire une rémission clinique, et améliorer la qualité de vie des patients. Le rôle
du médecin traitant et du gastro-entérologue est de trouver le meilleur traitement
adapté pour maitriser la maladie mais sans oublier la vie quotidienne du patient.
L’enjeu majeur aujourd’hui est donc que ces patients aient une MICI en rémission avec
une qualité de vie identique à la population saine. L’objectif principal de cette
étude est d’évaluer la qualité de vie de patients atteints de MICI suivis en ville
en France avec un questionnaire validé puis de comparer le score de qualité de vie
obtenu avec le ressenti du médecin traitant et du gastro-entérologue. Matériel et
méthode : il s’agit d’une étude quantitative intéressants les patients suivis dans
le bassin salonais. Un échantillon de 68 patients atteints de MICI a été inclus. Le
questionnaire IBDQ-32 FR leur a été envoyé, et un second questionnaire a été envoyé
à leur médecin traitant et à leur gastro-entérologue, entre le 1er juin et le 2 juillet
2018. L'analyse des facteurs pouvant impacter sur le score IBDQ a été effectuée par
des régressions linéaires simples, avec en complément des analyses de variances (ANOVA).
Les associations entre le score IBDQ et les évaluations des médecins traitants et
gastro-entérologue ont été étudiées avec des tests paramétriques de corrélation de
Pearson. Résultats : 48 patients ont retourné le questionnaire durant la période d’étude.
L’âge médian est de 43,5 ans. La population est aux deux-tiers de sexe féminin (68,8%)
et on retrouve une répartition quasi égale entre MC et RCH. Le score IBDQ-32 moyen
est de 155.75 (écart-type de 37.89). Les patients atteints de MC ont un score plus
bas que les patients atteints de RCH (144.16 contre 168.35; p 0.025. Les patients
immunosuppresseurs ont un score IBDQ-32 plus bas que les patients naïfs de ces traitements
(142.04 contre 173.38 ; p 0.003). L’évaluation de la qualité de vie par les médecins
traitants est positivement corrélée au score IBDQ de leurs patients avec rho 0.54
(p 0.002). L’évaluation de la qualité de vie par le gastro-entérologue est aussi positivement
corrélée au score IBDQ de leurs patients avec rho 0.62 (p 0.001). Discussion : Cette
étude montre une qualité de vie moins bonne chez les patients atteints de MC et chez
les patients sous immunosuppresseurs. Les 4 sous-domaines de qualité de vie explorés
par l’IBDQ-32 sont tous homogènement impactés lorsque le score baisse. L’évaluation
de la qualité de vie par les professionnels de santé est positivement corrélée au
score IBDQ de leurs patients, avec une complémentarité entre les deux professionnels
de santé dans l’évaluation des 4 sous-domaines. Conclusion : les MICI impactent fortement
la qualité de vie des patients. Cette étude confirme les données de la littérature
sur certains facteurs influençant la qualité de vie des patients MICI. La comparaison
entre l’évaluation faite par le médecin traitant et le gastro-entérologue permet d’apporter
des informations intéressantes sur la perception qu’ont ces deux professionnels de
la qualité de vie de leur patient et souligne leur complémentarité.;