Description : L’attention est un prérequis à l’exécution de la majorité des tâches que nous réalisons
au quotidien. Si notre niveau d’attention fluctue naturellement au cours de la journée,
de nombreux facteurs peuvent également altérer notre niveau de vigilance (p. ex. alcool,
médicaments) ou détourner notre attention (p. ex. téléphone, pensées) et, dès lors,
nous exposer à un risque d’accident. En accidentologie routière, les défauts d’attention
sont devenus un enjeu de préoccupation majeur, mais des questions demeurent en suspens.
Et qu’en est-il des autres traumatismes non intentionnels ? L’objectif de ce travail
de thèse était d’étudier le rôle des défauts d’attention dans la survenue de traumatismes
non intentionnels. Il s’agissait d’explorer des questions épidémiologiques restées
en suspens en accidentologie routière tout en élargissant la problématique à ces accidents
moins connus que sont les accidents de la vie courante (AcVC). Pour ce faire, trois
axes ont été explorés. Le premier a consisté à étudier le lien entre consommation
de médicaments et risque d’accident de la route chez les piétons en s’appuyant sur
l’appariement des données sur les remboursements de médicaments de l’Assurance Maladie
avec celles sur les accidents de la circulation recueillies par les forces de l’ordre.
Dans un second temps, nous nous sommes intéressés à la problématique des différents
types de distraction au volant. Cette seconde partie a reposé sur les données d’une
étude menée au CHU de Bordeaux. Enfin, un dernier axe a consisté à étudier le rôle
des défauts d’attention dans la survenue des AcVC en s’appuyant sur les données d’une
cohorte prospective et en ligne sur les AcVC. Dans cette dernière étude, les défauts
d’attention ont été étudiés sous l’angle du mind-wandering en tant que trait mesuré
par le biais d’un questionnaire ainsi que par l’implémentation de trois tests neuropsychologiques
en ligne. Plusieurs classes de médicaments, dont les benzodiazépines, étaient associées
à une augmentation du risque d’accident chez les piétons. Dans l’étude sur la distraction
au volant, la distraction visuelle a été identifiée comme étant celle qui présentait
le plus de risque. Enfin, si aucun lien n’a été trouvé entre les mesures aux tests
neuropsychologiques et le risque d’accident de la vie courante, le mind-wandering
trait a été associé à une augmentation du risque d’accident de type sports, loisirs
et déplacements. Ce travail fournit un éclairage essentiel sur des questions restées
jusqu’ici inexplorées. Au-delà des conducteurs et du risque routier, nos résultats
indiquent que les défauts d’attention pourraient également présenter un risque pour
les piétons ainsi que pour la survenue d’autres accidents du quotidien. Dans les années
à venir, la part des défauts d’attention dans la survenue de traumatismes devrait
encore croître du fait notamment de l’utilisation croissante des nouvelles technologies
dans notre quotidien. Par conséquent, mieux comprendre le rôle de ces défauts d’attention
dans la survenue de traumatismes non intentionnels est plus que jamais essentiel.;