Pourquoi les internes ont-ils recours à l'auto-prescription médicamenteuse ? Enquête
auprès des internes de la Faculté de médecine de l'Université d' Aix-Marseille - CISMeF
Pourquoi les internes ont-ils recours à l'auto-prescription médicamenteuse ? Enquête
auprès des internes de la Faculté de médecine de l'Université d' Aix-MarseilleDocument
Titre : Pourquoi les internes ont-ils recours à l'auto-prescription médicamenteuse ? Enquête
auprès des internes de la Faculté de médecine de l'Université d' Aix-Marseille;
Description : Introduction : l’auto-prescription médicamenteuse est fréquente chez les médecins.
Les internes ne font pas exception selon la littérature. Pourtant leur statut de soignant
leur permet, en théorie, d’accéder facilement à l’avis d’un confrère susceptible de
les soigner en cas de maladie. L’objectif principal de cette étude est de comprendre
les raisons du recours à l’auto-prescription médicamenteuse chez les internes. L’objectif
secondaire est de déterminer si les internes en médecine générale sont plus disposés
que les internes spécialistes à pratiquer l’auto-prescription médicamenteuse. Méthode
: il s’agit d’une étude transversale menée sur la base d’un auto-questionnaire anonyme
diffusé en ligne et adressé aux internes inscrits à la Faculté de Médecine de l’Université
d’Aix-Marseille pendant l’année 2017-2018. Résultats : 399 internes ont répondu au
questionnaire. 93% des internes ont déjà eu recours à l’auto-prescription médicamenteuse
au cours de leur internat. 91% évoquent une question de gain de temps et d'accès facile
aux ordonnanciers pour justifier cette pratique et 43% estiment pouvoir se soigner
eux-mêmes. 76% n’ont jamais consulté de médecin généraliste depuis le début de leur
internat du fait notamment d’un manque de temps à consacrer à leur santé (32%). Seuls
31% des internes considèrent utile de consulter un médecin pour une maladie qu’ils
pensent pouvoir soigner eux-mêmes et 54% déclarent qu’il est difficile de passer du
statut de médecin à celui de patient lors d’une consultation avec un confrère. Les
internes sont majoritairement conscients que l’auto-prescription médicamenteuse comporte
des risques pour leur santé (64%). Ils les nomment clairement : manque d’objectivité,
isolement face à la maladie, risque d’addiction, erreur ou retard diagnostique et
risque de mésusage des médicaments prescrits. Ils sont cependant largement favorables
à autoriser l’auto-prescription médicamenteuse (78%), proposant pour la majorité d’entre
eux de limiter cette pratique dans le choix des médicaments. Le recours à l’auto-prescription
médicamenteuse est très élevé chez les internes en médecine générale comme chez les
internes spécialistes. Respectivement 94% et 91%. Néanmoins les internes en médecine
générale sont plus nombreux à estimer pouvoir se soigner eux-mêmes (p 0,003). Ils
ont tendance à moins vouloir exposer leurs problèmes de santé à un confrère (p 0,07)
et à ressentir plus de difficulté à passer du statut de médecin à celui de patient
(p 0,07). Alors que les internes spécialistes sont plus nombreux à considérer utile
de consulter un médecin pour un symptôme qu’ils pensent pouvoir soigner eux-mêmes
(p 0,03). Conclusion : cette étude confirme que l’auto-prescription médicamenteuse
est une pratique ancrée dans les habitudes de santé des internes. Ils se justifient
tout d’abord par l’absence d’un bon suivi médical et par un manque de temps à consacrer
à leur santé. Ils expriment également leur réticence à aller consulter un autre médecin
et sont beaucoup à se considérer aptes à se soigner eux-mêmes grâce notamment à un
accès privilégié aux ordonnanciers. La spécialité ne semble pas influencer directement
le recours à l’auto-prescription médicamenteuse.;