Description : Depuis sa création, le KCE a publié plusieurs rapports sur les statines. Et pour chacun
la conclusion est peu ou prou la même : leur prescription en prévention primaire –
c’est-à-dire chez les personnes qui n’ont jamais connu de problème cardiovasculaire
– n’est pas toujours justifiée. Alors pourquoi un nouveau rapport sur le sujet ? Parce
que les données du problème ont évolué. Tout d’abord, le prix de cette classe médicamenteuse
a drastiquement chuté : là où elles représentaient le plus gros poste en dépenses
de médicaments jusqu’il y a quelques années, elles sont désormais toutes disponibles
en version générique, ce qui les rend plus « inoffensives » sur le plan budgétaire.
La question n’est toutefois pas close pour autant. Parce que cette baisse de prix
s’est accompagnée d’une augmentation du nombre de prescriptions ! À tel point qu’aujourd’hui,
environ 1.500.000 Belges de plus de 40 ans (25% de cette population) se voient prescrire
des statines. Dont plus de 80% en prévention primaire. On est donc en droit de se
demander quels bénéfices nos concitoyens retirent de ces médicaments, et au prix de
quels risques éventuels ? Que recouvrent les chiffres de l’observance thérapeutique,
étonnamment bas, puisque la moitié des utilisateurs interrompent leur traitement ?
Les bénéfices, on le verra, sont réels mais parfois infimes. Les effets secondaires
et les risques aussi. Au-delà des considérations sur le rapport coût-efficacité, ceci
nous mène à des préoccupations plus proches de l’éthique: qui doit prendre la décision
de prescrire des statines ? Le patient sait-il que des aménagements de son style de
vie pourraient lui apporter des bénéfices similaires ? Se rend-il compte qu’il s’engage
dans un traitement qui, pour porter ses fruits, devra être poursuivi de très longues
années ? Comment peut-il mesurer le bénéfice éventuel qu’il en retirera ? Et le risque
? C’est pour ces raisons qu’il nous a semblé que, bien plus que de fournir une nouvelle
estimation chiffrée de coût-efficacité, les données réunies dans ce rapport doivent
servir à une information claire et objective. Nous allons donc prolonger cette étude
par l’élaboration d’un outil d’aide à la décision qui permettra aux patients et aux
médecins d’évaluer ensemble la pertinence d’une prescription de statines. Pour aboutir
à un choix éclairé que l’on espérera plus assumé de la part du patient, et à une prescription
plus adéquate de la part du médecin.;