Description : Introduction et objectifs : la santé sexuelle et reproductive des femmes ayant des
rapports sexuels avec des femmes (FSF) n’est pas un sujet de politique de santé publique
en France. Pourtant, les études internationales mettent à jour des vulnérabilités
spécifiques, en matière d’infections sexuellement transmissibles et de violences notamment.
Le fait d’être une femme ayant des rapports homosexuels est associé à des disparités
en matière de suivi gynécologique. La perception d’une absence de risques liés à la
sexualité, la présomption d’hétérosexualité par le-la professionnel-le ou la crainte
(vécue ou anticipée) d’être mal jugée sont décrites comme des facteurs influençant
négativement le recours aux soins. L’objectif de cette étude est d’explorer les parcours
de santé gynécologique des femmes et de comprendre leur expérience des consultations.
Matériel et méthode : vingt-six entretiens semi-directifs ont été menés auprès de
femmes cisgenres ayant des rapports sexuels avec une ou plusieurs femmes, entre octobre
2017 et janvier 2018. Résultats : notre analyse montre que le manque de (re)connaissance
de la sexualité entre femmes nourrit un impensé du corps gynécologique qui façonne
les expériences de santé. En l’absence d’un « modèle social » à consulter, l’inscription
dans un suivi gynécologique et la continuité de celui-ci sont fortement dépendantes
des trajectoires individuelles (hétérosexualité, maternité, symptomatologie gynécologique).
Conclusion : l’enjeu pour le-la praticien-ne est de prendre conscience de ses propres
préjugés et de la manière dont les spécificités des patientes peuvent conduire à des
inégalités de santé. Proposer une approche centrée sur la personne, prenant en compte
les différences individuelles, sera profitable à toutes les femmes consultant en gynécologie.;