Description : Le diabète de type 2 est en pleine expansion à l'échelle mondiale. Pathologie fréquente
et grave, elle est l'objet d'une recherche permanente de nouveaux traitements en vue
d'enrayer sa progression. Aujourd'hui, de nombreuses molécules sont disponibles, et
les recommandations pour la prise en charge de cette maladie évoluent régulièrement
au gré de leur développement. En 2008, les incrétines sont venues enrichir l'arsenal
thérapeutique. Initialement, elles connaissent un engouement auprès des prescripteurs,
mais plusieurs suspicions de complications sous traitement ont mis à mal leur réputation.
En 2011, le retrait des glitazones et du benfluorex, autres classes d'antidiabétiques
responsables d'effets secondaires graves, a pu entacher l'adhésion des prescripteurs
aux traitements de cette pathologie. L'Evidence Based Medicine prône une médecine
guidée par des arguments scientifiques sur le bénéfice d'une stratégie thérapeutique,
et pose les fondements de recommandations officielles pour la prise en charge des
patients, établies par les sociétés savantes et les autorités de santé. Toutefois,
le concept d'« inertie clinique » définit la situation dans laquelle un prescripteur
informé des recommandations ne les applique volontairement pas. En médecine générale,
la prescription doit s'inscrire dans une dynamique relationnelle riche et singulière
entre le médecin et son patient. Pathologie complexe et multifactorielle, le diabète
de type 2 n'échappe pas à cette réalité, et on observe régulièrement une application
aléatoire des recommandations thérapeutiques. De plus, l'abrogation des recommandations
de bonne pratique éditées par la Haute Autorité de Santé en 2011 pour conflit d'intérêts
des auteurs a pu détourner les prescripteurs du respect des recommandations officielles.
Devant tous ces éléments, on peut se demander comment les médecins généralistes perçoivent
la prescription des médicaments de la voie des incrétines au cabinet, traitement recommandé
mais récent et controversé. Nous avons donc mené une étude qualitative en interrogeant
différents médecins généralistes sur leurs habitudes de prescription de ces médicaments
et leurs interactions avec les autres corps professionnels de santé intervenant dans
la prise en charge du diabète de type 2. Nous avons réalisé des entretiens individuels
menés par un guide d'entretien établi préalablement, mémorisés sur enregistreur numérique
puis retranscrits et analysés. La saturation des données a été atteinte après 16 entretiens.
Les résultats montrent une hétérogénéité des pratiques dans la prise en charge du
patient diabétique de type 2. Concernant les incrétines, les médecins généralistes
interrogés ne sont pas familiers de ces traitements et les prescrivent peu, ceci étant
particulièrement franc pour les analogues du GLP1. Certains présentent parfois une
méfiance envers les publications et les recommandations des autorités de santé, si
bien que le médecin diabétologue reste une référence incontournable pour décider de
la prise en charge d’un patient.;