Description : Introduction : Les conduites auto-agressives (CAA) sont un motif de consultation fréquent,
tant pour les automutilations non suicidaires (ANS) que les tentatives de suicide
(TS). Bien qu’étant habituellement isolées, elles peuvent se chroniciser avec les
réitérations, mettant à mal le système de soins, l’entourage et surtout les patients.
En addictologie, la rechute et le caractère chronique d’un comportement sont essentiels
pour définir une addiction. En sachant que les troubles liés à l’usage de substances
(TUS) partagent de nombreuses caractéristiques avec les addictions comportementales
(sans substance), nous avons cherché à explorer la dimension addictive des CAA répétées.
Méthode : Au travers d’une scoping review, cette hypothèse est explorée selon trois
perspectives : clinique, psychopathologique et neurobiologique. Résultats : Sur le
plan clinique, il semble que les patients présentant des ANS ont des caractéristiques
cliniques cohérentes avec les critères du trouble de l’usage. Pour les TS, le niveau
de preuve est moins élevé. Sur le plan psychopathologique, les mécanismes tels que
l’impulsivité, la compulsion et le craving se superposent avec les TUS et les CAA
répétées. Du point de vue neurobiologique, les concentrations d’opioïdes endogènes
subissent des variations en fonction des CAA avec l’hypothèse d’une dépendance à la
sécrétion endogène d’opioïdes liée à la répétition des comportements. Conclusion :
La dimension addictive des CAA à répétition constitue une perspective complémentaire,
qui pourrait avoir des implications cliniques et thérapeutiques inspirées de l’addictologie,
bien que l’impact à long terme de ces approches reste à préciser.;