Description : CONTEXTE – La maltraitance infantile est un problème majeur de santé publique dont
la magnitude est difficile à évaluer. En France, 4 à 16 % des enfants seraient victimes
de violences physiques. Il est souvent très complexe de repérer les enfants à risque.
De nombreux enfants maltraités ne sont pas signalés, et par conséquent non protégés.
L’enjeu est de repérer ces enfants afin de les protéger le plus précocement possible.
OBJECTIFS – L’objectif principal de cette étude a été de décrire la population des
enfants considérés comme maltraités afin de mettre en évidence des facteurs prédictifs
de maltraitance infantile physique et de cibler le profil des enfants à risque. MÉTHODE
– Nous avons réalisé une étude descriptive rétrospective monocentrique au sein du
pôle de victimologie Enfants et Femmes Enceintes du CHU de Clermont-Ferrand. Étaient
inclus les enfants âgés de 1 à 10 ans révolus, victimes de maltraitance physique durant
l’année 2018. Un questionnaire de recueil de données a été conçu à partir d’une analyse
de la littérature. L’ensemble des facteurs de risque et éléments évocateurs de ce
type de maltraitance ont été étudiés. RÉSULTATS – 81 patients ont été inclus, âgés
de 5,9 ans en moyenne, davantage en surpoids et vivant dans les grandes aires urbaines.
Le cluster 3, déterminé en analyse des correspondances multiples comme celui dont
la maltraitance est la plus sévère, est constitué des enfants les plus jeunes. Leurs
parents sont séparés dans la majorité des cas. Près de la moitié des enfants vivent
dans un environnement violent, au sein de familles reconstituées et nombreuses. Ceux
résidant seulement avec leur mère paraissent peu touchés par la maltraitance physique.
Les mères des mineurs maltraités étaient plus jeunes à l’accouchement. Les enfants
victimes des violences les plus graves avaient des parents tous les deux très jeunes
lors de la naissance. Les troubles psychopathologiques, les addictions, une parentalité
dysfonctionnelle apparaissent comme des facteurs de risque parentaux de maltraitance
physique infantile. Plus d’un tiers des enfants présentaient des troubles du développement.
Un comportement anormal de l’enfant lors de la consultation était souvent constaté,
à prédominance anxieuse. Lorsque des lésions étaient visualisées, elles étaient généralement
de grande taille, multiples d'âges différents et de localisation inhabituelle. Pour
près de deux tiers des mineurs, les explications mentionnées étaient suspectes. Des
antécédents de mise en danger de l’enfant étaient souvent constatés. L’agresseur est
le plus souvent le père. Néanmoins, les mères sont responsables des maltraitances
les plus sévères. Les faits de maltraitance étaient en général rapportés par l’autre
parent ; cependant, les cas les plus sévère sont révélés par une personne extérieure
à la famille. CONCLUSION – Un profil d’enfants à risque de maltraitance physique semble
se détacher en analyse univariée : le garçon de 6 ans en surpoids, citadin, évoluant
dans une famille nombreuse recomposée, dans un contexte violent. Sa mère, de jeune
âge, est avec un conjoint autre que le père. L’analyse des correspondances multiples
a fait ressortir 3 clusters selon le degré de gravité de maltraitance. Les résultats
devront être consolidés sur un effectif supérieur et comparés en population générale
suite à un recueil similaire de données, avant d’espérer voir émerger un outil de
dépistage précoce de la maltraitance infantile physique.;