Description : Introduction : les corticoïdes sont des substances pouvant être utilisées à des fins
de dopage cognitif et physique. Leur mésusage peut avoir un objectif d’augmentation
de la vigilance et de diminution de l’asthénie. Par ailleurs, l’internat nécessite
des capacités de mémoire et d'attention soutenues avec des responsabilités médicales
et administratives engagées. Les internes ont donc recours à ces corticoïdes à visée
de psychostimulation. Objectif : connaître les facteurs de risque du mésusage des
corticoïdes chez les internes en médecine de la région PACA afin d’établir un meilleur
repérage des sujets à risque. Matériel et Méthodes : étude observationnelle descriptive
avec une population source de 2765 internes inscrits aux Universités d’Aix-Marseille
et de Nice. Le recueil des données a été fait par auto-questionnaires, diffusés par
mail aux adresses professionnelles et universitaires des internes. Du 6 Décembre 2022
au 6 Février 2023. Résultats : 512 internes ont répondu au questionnaire. La population
était majoritairement féminine (62,7%) avec une moyenne d'âge de 26 ans. 18,3% ont
répondu avoir consommé des corticoïdes hors protocole thérapeutique. La spécialité
d’internat, ni le nombre de gardes par mois n’ont été relevés comme facteurs de risque.
En revanche, le temps de travail 48 heures par semaine a été mis en évidence comme
facteur de risque (OR 2,02 (IC95% [1,07 - 3,80]). La consommation d’alcool, de substances
psychotropes et d’un traitement en vue d'améliorer des troubles anxieux était aussi
associée à un risque de mésusage des corticoïdes (p 0,025, p 0,001 et p 0,008).
Le soutien des pairs était un facteur protecteur (p 0,015). Respectivement 63,4%
et 55,9% des internes consommaient des corticoïdes pour un jour de travail ou une
garde ou astreinte. Conclusion : la corrélation entre les conditions de travail (temps
de travail, soutien des pairs) et ses conséquences (troubles anxieux, mésusage de
substances psychostimulantes) est un signal d’alarme sur la prise en charge de la
santé mentale de l’interne. Ces résultats soulignent la nécessité de la prévention
de la santé mentale des internes et mettent en garde sur les difficultés des conditions
de travail.;