Description : Parmi les patients atteints de cancer, la mortalité de ceux atteints de pathologie
psychiatrique est supérieure à celle des patients sans pathologie psychiatrique, constituant
une perte de chance. Cela pourrait entre autres causes s’expliquer par un accès suboptimal
à des soins oncologiques adaptés, reposant parfois sur un refus de traitement. Si
le patient atteint de maladie psychiatrique conserve juridiquement son autonomie décisionnelle,
la pathologie psychiatrique peut interférer avec sa perception de la maladie, son
raisonnement, sa volonté et sa capacité à s’exprimer. Les situations de refus de soins
sont difficiles sur le plan éthique et juridique, faisant appel aux principes de bienfaisance
et de respect de l’autonomie. Grâce au repérage précoce et systématique des pathologies
psychiatriques et au travail interdisciplinaire, la potentielle perte de chance peut
être diminuée. Nous avons illustré cela par trois cas cliniques. Nous avons réalisé
une enquête auprès des internes d’oncologie sur leur prise en charge du refus de traitement.
Elle montre que bien qu’étant conscients de l’impact potentiel d’une pathologie mentale
sur le refus de soins oncologique, les internes ne recherchent pas pour autant les
antécédents psychiatriques, et n’identifient pas suffisamment les symptômes psychiatriques
pouvant entraver les soins. Nous avons donc réalisé un outil d’aide à la prise en
charge du refus de traitement oncologique à destination des oncologues, rappelant
l’impératif d’évaluation psychologique ou psychiatrique en cas d’antécédent psychiatrique
connu, et proposant une liste de critères susceptibles en l’absence d’antécédent de
faire suspecter un trouble psychiatrique.;