Description : La nutrition est un facteur environnemental modifiable prometteur pour la prévention
du vieillissement cérébral. Une association bénéfique entre une alimentation plus
saine ou des apports plus importants en certains nutriments et un moindre risque de
démence ou de déclin cognitif a été suggérée dans les études épidémiologiques. Cependant,
la stratégie nutritionnelle à privilégier pour la prévention reste encore mal caractérisée.
Mieux décrire les mécanismes neurobiologiques chez l’Homme permettrait d’identifier
les stratégies préventives les plus efficaces. L'objectif de cette thèse est d'analyser
les associations épidémiologiques entre la nutrition et des marqueurs en neuro-imagerie
de deux composantes physiopathologiques clés du vieillissement cérébral : la structure
cérébrale et la neurodégénérescence associée d’une part, le fardeau cérébral vasculaire
d’autre part. La nutrition est étudiée à travers plusieurs expositions complémentaires,
du statut biologique en nutriments candidats jusqu’aux profils de consommation alimentaire.
Les données proviennent de l’étude des 3-Cités, une cohorte de personnes âgées issues
de la population générale. Dans une première partie, nous nous sommes intéressés à
la relation entre nutrition et évolution des volumes cérébraux à l’Imagerie par Résonance
Magnétique (IRM) au cours de 10 ans suivi dans la cohorte. Nous avons mis en évidence
des associations entre des concentrations plasmatiques plus élevées en acides gras
polyinsaturés oméga-3 (AGPI n-3) et en caroténoïdes avec une moindre atrophie du lobe
temporal médian, une structure clé pour la mémoire et impliquée dans développement
de la maladie d’Alzheimer. Dans une deuxième partie, une approche plus globale de
l’alimentation a été adoptée avec l’évaluation de l’adhérence au Mediterranean-DASH
Intervention for Neurodegenerative Delay (MIND) diet. Ce régime alimentaire spécifiquement
développé pour la santé cérébrale a été associé à un moindre risque de démence sur
16 ans de suivi et à une meilleure intégrité de la substance blanche, dégradée dans
le vieillissement cérébral et dans la maladie d’Alzheimer. Dans une dernière partie,
nous avons abordé la composante vasculaire de la santé cérébrale et montré une association
entre une consommation de poisson plus élevée et un moindre fardeau cérébrovasculaire
global, défini par la combinaison de trois marqueurs IRM : hypersignaux de la substance
blanche, infarctus cérébraux silencieux et dilatations des espaces périvasculaires.
Ces résultats décryptent les effets spécifiques de différentes expositions nutritionnelles
sur la santé cérébrale dans le vieillissement, suggérant un rôle prépondérant des
AGPI n-3 apportés par le poisson, associés à la fois à une diminution de l’atrophie
et du fardeau cérébrovasculaire. Le MIND diet (intégrant le poisson et les légumes
colorés, sources de caroténoïdes) était associé à une préservation globale de la microstructure
cérébrale et pourrait être une stratégie de prévention efficace d’un point de vue
de la santé publique.;