Description : Introduction : après la crise Covid, la téléconsultation semble s’inscrire dans la
pratique des médecins généralistes. Cependant, alors que sa réglementation est en
constante évolution, ni recommandations ni études ont cherché à explorer quels motifs
de téléconsultation les médecins comme les patients trouvent pertinents via cet outil.
Objectif : l’objectif de l’étude était de mettre en évidence, après expérience, l’avis
à la fois des médecins généralistes et de leurs patients, quant aux situations jugées
les plus propices à traiter en téléconsultation. Méthode : une étude qualitative par
entretiens individuels semi-dirigés a été réalisée auprès de 12 médecins généralistes
et 10 de leurs patients dans la ville de Marseille et le département du Vaucluse,
de juin 2021 à avril 2022. Les entretiens ont été effectué jusqu’à saturation des
données, analysés de façon thématique progressive, puis interprétés en double codage.
Résultats : au total, patients et médecins s’accordent pour recourir à la téléconsultation
lors du suivi de pathologies chroniques stabilisées, de pathologies récidivantes déjà
connues, de réévaluation de pathologies subaiguës déjà examinées ou de pathologies
aiguës bénignes typiques. Conseil médical, dépistage et prévention sont également
compatibles. L’infection urinaire et la dermatologie sont discutées. Il est globalement
possible aussi d’utiliser la TCS pour de l’administratif même s’il existe quelques
nuances. Concernant les situations non réalisables en TCS, patients et médecins sont
unanimes si les motifs semblent graves et/ou urgents et nécessitent un examen clinique.
Il ressort également que le profil du patient et du médecin est important : tous les
patients ne sont pas fiables, tous ne peuvent pas endosser le pseudo rôle d’auto examinateur,
tous ne sont pas enclins à s’ auto équiper. Pour le patient, il est plus pertinent
s’il voit son médecin habituel en TCS. Au niveau technologique, il y a encore des
améliorations à apporter (couverture internet, amélioration de l’outil vidéo etc.).
Patients comme médecins ont évoqué la peur d’une dérive vers une “médecine de consommation”.
Enfin, pour tous, elle ne suffira pas à pallier le manque de médecin. Conclusion :
la téléconsultation semble s’être pleinement intégrée dans la pratique médicale actuelle.
Les motifs les plus cités comme étant adaptés à la téléconsultation par les médecins
et les patients sont de façon générale les motifs ne nécessitant pas nécessairement
d’examen clinique mais supposant un suivi antérieur du patient lors de consultation
physique. Il s’avère cependant qu’une situation propice à sa réalisation en téléconsultation
ne se résume pas simplement au motif motivant cette consultation. Il apparaît également
nécessaire l'existence d’une relation médecin-patient préalable à toutes téléconsultations,
c'est-à-dire connaître le profil de l’utilisateur tant sur le plan médical que ses
particularités individuelles. Niveau technicité, des améliorations sont attendues
en vue d’élargir son champ d’action. La problématique de l’abus ou mésusage de la
téléconsultation ainsi que la responsabilité du médecin ont été abordées. La réglementation
autour de la téléconsultation est discutée. Bien qu’il s’agisse d’un outil prometteur,
la téléconsultation ne semble pas pouvoir répondre à tous les objectifs fixés par
les autorités et notamment elle ne semble pas être à ce jour une réponse aux déserts
médicaux.;