Description : Introduction : Depuis les années 2000, la France compte un nombre d'IVG stable malgré
une excellente couverture contraceptive, principalement médicale. Un tiers de l'ensemble
des grossesses n'est pas désirée, et la majorité des grossesses non désirées aboutissement
à une IVG. Par ailleurs, la majorité des grossesses interrompues en France surviennent
sous contraception, et seraient directement liées à un échec de la contraception.
Le besoin et le choix de prendre une contraception est un choix individuel, il a semblé
pertinent de s'intéresser à la manière dont les femmes s'expliquent la survenue d'une
grossesse non prévue malgré l'usage d'une contraception. Le ressenti de patientes
concernées a été recueilli et analysé pour comprendre leur conception de l'échec contraceptif
et le rôle joué par les professionnels de santé dans la survenue de l'échec. Méthode
: Une étude qualitative, menée par des entretiens semi-dirigés selon un guide d'entretien
préétabli, a été réalisée auprès de douze femmes majeures, francophones, ayant vécu
la survenue d'une grossesse non prévue malgré l'usage d'une contraception. Elles ont
été recrutées sur la base du volontariat au cours de leur prise en charge gynéco-obstétricale
en 2021 et 2022 en Charente-Maritime Nord. Une analyse interprétative phénoménologique
des données a été réalisée jusqu'à suffisance, puis triangulée. Résultats : L'échec
contraceptif a fait sens comme un échec de la contraception ou comme un échec de l'utilisatrice.
Il peut paradoxalement faire également sens comme n'étant pas forcément un échec.
La survenue de la grossesse non prévue sous contraception est directement liée aux
limites d'efficacité théoriques et pratiques de la contraception, principalement à
cause d'une mauvaise utilisation. D'après les vécus des patientes, elles sont favorisées
par une mauvaise connaissance de la contraception, une difficulté à gérer au quotidien
la charge que représente la contraception, une représentation négative de leur fertilité.
Le parcours contraceptif a été jugé complexe, et la qualité de la relation et du suivi
par les professionnels de santé perfectible. L'échec contraceptif traduisait souvent
l'absence de connaissance et/ou de reconnaissance des situations à risque de grossesse.
Si l'ambivalence face au désir de grossesse et à la perception de la grossesse et
la fatalité dans la survenue de la grossesse jouent aussi un rôle, elles ne remettent
pas en question l'usage et le besoin de contraception par les patientes. Conclusion
: Clarifier les attentes des patientes face à la grossesse et la contraception semble
essentiel. La prévention des grossesses non prévues sous contraception passe par une
meilleure information des patientes et l'utilisation d'une contraception adaptée à
la patiente à la fois efficace et satisfaisante. La formation des professionnels de
santé pourra permettre l'amélioration des prescriptions et attitudes dans le cadre
du suivi contraceptif.;