Description : La perte d’autonomie dans les activités liées aux repas a été peu étudiée chez les
personnes âgées, malgré une forte prévalence dans les âges les plus avancés. Les difficultés
dans les préparations des repas, les courses, la planification des menus ou encore
l’acte de s’alimenter peuvent à la fois résulter d’une diminution des capacités physiques
et cognitives, d’un déclin sensoriel ou d’une perte de motivation. Ces difficultés
semblent également modulées par des facteurs socio-démographiques et environnementaux,
comme le sexe, le mode de vie, les liens sociaux ainsi que l’environnement géographique
de la personne. Nous souhaitons étudier si une diminution de l’autonomie dans les
activités liées aux repas peut participer à l’altération de l’état nutritionnel chez
la personne âgée. Nous faisons l’hypothèse que la présence de difficultés dans la
préparation des repas ou l’approvisionnement modifie les apports alimentaires, du
point de vue quantitatif et /ou qualitatif. Le risque nutritionnel pourrait ainsi
se traduire à la fois par une dénutrition, si les apports sont insuffisants pour couvrir
les besoins calorico-azotés, ou une malnutrition, liée à un état d’excès (obésité)
ou une alimentation de faible qualité nutritionnelle. L’objectif de ce travail doctoral
était de (1) de définir un cadre conceptuel pour mieux caractériser l’autonomie liée
aux repas ou « autonomie alimentaire », et (2) d’analyser ses déterminants et les
conséquences de la perte d’autonomie alimentaire, en particulier sur l’alimentation
et l’état nutritionnel des personnes âgées. La revue de la littérature effectuée dans
le cadre de ce travail de recherche montre que le concept d’autonomie alimentaire
est peu défini et peut recouvrir des situations différentes. Elle est à la fois liée
aux compétences et aux capacités des personnes. Nous avons tenté de définir les contours
de ce concept et de classifier les différentes activités qui la composent. L’évaluation
de ces activités reste très hétérogène dans les différents travaux retrouvés dans
la littérature, avec de multiples indicateurs, ce qui, appliqué à la pratique clinique,
pourrait limiter son repérage et sa prise en charge. Nous avons étudié la perte d’autonomie
dans les deux principales activités liées aux repas (préparation des repas et approvisionnement)
à partir de trois bases de données issues de populations âgées : i) des patients de
l’hôpital de jour des fragilités du CHU de Toulouse, ii) des sujets autonomes suivis
durant 3 ans dans l’essai Mapt et iii) des sujets ayant une fragilité cognitive et
inclus dans la cohorte CogFrail. Nous avons ainsi analysé les facteurs associés à
la perte d’autonomie alimentaire dans chacune de ces populations. Si nous n’avons
pas démontré d’impact des difficultés à cuisiner ou faire les courses sur la survenue
d’une perte de poids au cours du suivi sur 3 ans, nous avons retrouvé une association
significative avec la qualité de l’alimentation. Les personnes déclarant des difficultés
à préparer les repas ont une moindre consommation d’aliments frais (légumes et produits
laitiers), mais une consommation plus importante de plats cuisinés prêts à l’emploi.
Cela pourrait expliquer que les apports caloriques soient maintenus, évitant ainsi
la perte de poids dans cette population. Cette population reste toutefois à risque
de malnutrition.;