Description : Introduction : Suite au Grenelle des violences conjugales de 2019, une levée du secret
médical par un signalement sans le consentement de la patiente en cas de « danger
immédiat » et « d'emprise » a été décidée. L'objectif de notre étude est de connaître
l'opinion de femmes victimes de violences conjugales sur cette modification de loi
promulguée le 30 juillet 2020. Matériel et méthode : Une étude qualitative monocentrique
par entretiens individuels semi-dirigés a été réalisée entre janvier et mai 2021 auprès
de douze femmes majeures victimes de violences conjugales. Résultats : Dans l'ensemble,
le signalement est vu comme une aide nécessaire, un soutien et un moyen de protection.
D'après les participantes, la prise de décision par un tiers dans des situations d'emprise
et de vulnérabilité est parfois nécessaire. Néanmoins, des freins persistent tels
que la peur des représailles en l'absence de protection immédiate et une diminution
des recours aux soins en cas de perte de confidentialité. Pour pouvoir adhérer plus
facilement à un signalement, il est essentiel pour les victimes d'avoir pris conscience
des violences et d'être dans une relation de confiance avec leur médecin. Les médecins
doivent également être en mesure de les rassurer, notamment sur l'aspect financier,
et de les informer sur les conséquences d'un signalement. Pour finir, nous pouvons
noter des inquiétudes vis-à-vis du manque de moyens et de formation des différents
intervenants dans la procédure de signalement. Conclusion : Il convient au professionnel
de santé d'effectuer un signalement en conscience, en évaluant les tenants et les
aboutissants propres à chaque victime. Une collaboration étroite entre les professionnels
de santé, le système judicaire, les associations et les forces de l'ordre est nécessaire
pour une prise en charge optimale des victimes. Le signalement peut être un outil
supplémentaire pour les protéger mais la priorité doit être donnée à la prise en charge
psychologique des victimes, l'éducation parentale des enfants et la prévention en
milieu scolaire. (4e de couverture);