Description : Les trois manifestations cutanées spécifiques de la borréliose de Lyme sont l’érythème
migrant, le lymphocytome borrélien et l’acrodermatite chronique atrophiante. En dehors
de ces trois manifestations, l’implication de Borrelia a été suggérée dans de nombreuses
autres entités dermatologiques. L’origine supposée borrélienne de ces entités fait
néanmoins l’objet de controverses. L’objectif de cette étude était de réaliser une
revue systématique des manifestations dermatologiques non cardinales attribuées à
l’infection par Borrelia afin d’évaluer les arguments en faveur d’une telle association.
En nous appuyant sur une méthodologie de recherche systématique de la littérature
dans les bases de données MEDLINE et EMBASE, nous avons identifié et analysé 134 articles
publiés entre 1990 et 2019 traitant de 21 manifestations dermatologiques pour lesquelles
une association à l’infection par Borrelia était discutée. Deux pathologies semblent
pouvoir témoigner rarement d’une infection active par Borrelia : il s’agit de l’anétodermie,
qu’elle soit observée en association avec une acrodermatite chronique atrophiante
ou sous la forme de lésions éruptives isolées, et de certaines panniculites lobulaires
lymphocytaires observées à la phase précoce de l’infection. L’identification de ces
formes exceptionnelles doit conduire à l’administration d’un traitement antibiotique
adapté. Un rôle inducteur de l’exposition à la bactérie Borrelia peut être évoqué
dans la survenue de cas de morphée, de lichen scléreux et de granulome annulaire en
Europe et en Asie. Par analogie avec certains rhumatismes inflammatoires post-infectieux,
nous suggérons qu’une exposition à la bactérie Borrelia, même en l’absence d’infection
efficace, pourrait induire chez des individus prédisposés l’apparition de ce type
de dermatose inflammatoire qui serait alors « post-borrélienne ». Nous n’avons pas
trouvé d’arguments suffisants en faveur de l’intérêt de la recherche de Borrelia et
de l’administration d’un traitement antibiotique chez les patients atteints par ces
pathologies en zone d’endémie. Les données concernant les autres pathologies identifiées
étaient trop peu nombreuses ou ne permettaient pas de conclure à une association.
Il pouvait s’agir d’un problème de mauvais diagnostic, d’une interprétation erronée
des résultats sérologiques ou de l’utilisation de techniques diagnostiques non validées.
Ces nombreuses publications illustrent la nécessité d’un regard critique sur la littérature
concernant les manifestations attribuées à Borrelia.;