Description : L’anorexie mentale est essentiellement documentée en population féminine, plus touchée,
tandis que les données en population masculine sont peu nombreuses. La question de
l’anorexie mentale comme une entité à part chez les hommes est souvent posée. Cette
revue de la littérature souhaite apporter des éléments de réponse à la problématique
suivante : l’anorexie mentale, telle que décrite chez les sujets masculins présente-t-elle
les mêmes caractéristiques que celles des sujets féminins ? Concernant la prévalence
de l’anorexie mentale en population masculine, elle apparaît probablement sous-estimée.
Cliniquement, les sujets masculins présenteraient moins de préoccupations corporelles
et autour du poids, et seraient plus soucieux de leur musculature. L’hyperactivité
physique ne serait pas plus marquée que chez les femmes. Les facteurs de risque évoqués
sont : un surpoids ou une obésité prémorbides, un trouble anxieux et un trouble dépressif.
L’homosexualité serait fréquente. Les comorbidités psychiatriques sont importantes,
l’anxiété et la dépression au premier plan, de même que chez les femmes. Le risque
suicidaire est présent, et le taux de mortalité est élevé. Les recommandations de
prise en charge de l’anorexie mentale semblent efficaces chez les sujets masculins.
Des adaptations sont nécessaires : ils doivent être reçus dans un lieu de soins accueillant,
leurs plus grandes difficultés à exprimer leurs émotions doit être prise en compte,
et l’intérêt de groupes thérapeutiques spécifiques est à discuter. Nos recherches
ne mettent pas en évidence de différences majeures entre les genres, mais les études
sur le sujet, limitées, sont à poursuivre. Des outils de dépistage et de diagnostic
spécifiques à aux sujets masculins sont à développer, afin de faciliter leur accès
aux soins. La lutte contre la stigmatisation des troubles des conduites alimentaires
doit se poursuivre, et est primordiale pour la reconnaissance des sujets masculins
souffrant d’anorexie mentale.;