Description : Contexte – En Guyane, le taux de prématurité reste élevé en dépit des efforts pour
l’endiguer. Or, malgré des progrès, la mortalité périnatale, souvent associée à la
prématurité, reste une cause importante de mortalité prématurée en Guyane. L’objectif
de cette étude était d’analyser la prématurité dans le temps et dans l’espace, selon
le type (prématurité globale, grande prématurité, prématurité spontanée, prématurité
induite) et d’identifier les facteurs de risque dans le contexte Guyanais. Méthodologie
– Une étude rétrospective descriptive et comparative a été menée, à partir des données
du Registre d’issue de grossesse informatisé (RIGI) 2013-2014 décrivant 12 983 naissances
viables sur l’ensemble des quatre établissements de santé du département. Ces données
ont été complétées par une étude cas-témoins sur la grande prématurité au Centre hospitalier
Andrée Rosemon de Cayenne (unique maternité de type 3 de la région) de février 2016
à janvier 2017. Résultats – La proportion de naissances prématurées était de 13,5%
(1 755 sur 12 983), parmi lesquelles la proportion de prématurités spontanées était
de 51,3% contre 48,7% de prématurités induites. Il existait une forte hétérogénéité
spatiale entre l’Ouest Guyanais et les zones isolées où la prématurité était plus
fréquente. À peine plus de la moitié (57,2%) de la population d’étude bénéficiait
de la Sécurité sociale, et 9,3% n’avait aucune couverture sociale. L’absence de couverture
sociale représentait un facteur de risque de prématurité avec un OR ajusté de 1,9
[IC95% 1,6-2,3] p 0,001. L’absence d’entretien prénatal était associée à un doublement
du risque de naissance prématurée avec un OR ajusté de 2 [IC95% 1,2-3,5] p 0,007.
D’autre part, en ce qui concerne les pathologies associées à la grossesse, le syndrome
pré-éclamptique était la principale pathologie associée au risque de prématurité (OR
ajusté de 6,7 [IC 95% 5,6-8,1] p 0,001). L’enquête cas-témoins montrait que l’absence
de couverture sociale était aussi un facteur de risque de grande prématurité, mais
uniquement spontanée. En revanche, les antécédents de naissances prématurées étaient
des facteurs de risque de prématurité tant induite que spontanée. Les pathologies
associées à la grossesse, telle que l’hypertension artérielle, la pré-éclampsie, le
placenta praevia et le RCIU étaient exclusivement des facteurs de risque de prématurité
induite. Le Gardnerella vaginalis et le streptocoque B, étaient des facteurs de risque
de prématurité induite et non de prématurité spontanée. Conclusion – Les facteurs
de risque sociaux et le mauvais suivi pendant la grossesse étaient associés à la prématurité
spontanée. Le poids du syndrome pré-éclamptique comme facteur de risque de la grande
prématurité induite en Guyane semble nettement plus important qu’ailleurs pour des
raisons qui restent méconnues.;