Description : Objectif : L’annonce d’une pathologie grave a évolué au cours des années conjointement
à l’évolution de la relation médecin/patient. L’information est devenue un droit pour
le patient et un devoir pour le médecin. L’augmentation de l’incidence des pathologies
graves, en lien avec l’amélioration des moyens diagnostiques, modifient les pratiques
des médecins généralistes, de plus en plus confrontés aux annonces de maladies graves.
L’objectif de notre étude est d’explorer le ressenti des différents acteurs autour
de l’annonce d’une pathologie grave et de définir la place du médecin généraliste
dans le processus d’annonce. Quelles sont les émotions que l’annonce génère ? L’annonce
est-elle une affaire de territoire ? Méthodologie : Cette enquête qualitative par
théorisation ancrée a recueilli au cours d’entretiens semi-dirigés et d’un focus group
le ressenti de 6 patients et 11 médecins, dont 8 généralistes et 3 spécialistes, autour
de l’annonce d’une pathologie grave. Le travail d’analyse a constitué en plusieurs
étapes successives de codage: ouvert, axial et sélectif, pour trouver un modèle explicatif
des interactions entre les différents intervenants dans le processus d’annonce. Résultats
: Après analyse du verbatim et regroupements thématiques par triangulation, il apparait
que l’annonce est un poids pour l’ensemble des médecins et que leurs avis divergent
concernant la notion de légitimité à annoncer. Chez les patients ayant eu un pressentiment
initial, l’annonce est vécue comme un soulagement permettant d’amorcer un combat face
à la maladie, contrairement aux patients naïfs. L’énonciation d’un diagnostic précis
et le sentiment bilatéral d’une relation de confiance et de vérité apparaissent primordiaux
lors de l’annonce. L’annonce est un continuum, et se construit au cours de plusieurs
consultations, la consultation d’annonce n’est que la partie émergée de l’iceberg,
c’est de ce processus que découle l’acceptation. Notre étude montre qu’il n’existe
pas de légitimité unique dans l’annonce. Des prérequis ainsi qu’une adaptation à chaque
patient, d’après le principe de singularité, apparaissent fondamentaux dans la réussite
d’une annonce. La complémentarité médecin traitant-spécialiste est essentielle. Conclusion
: Cette étude montre à la fois le poids de l’annonce et son rôle libérateur ainsi
que le rôle singulier du médecin généraliste dans l’annonce d’une pathologie grave.
Une consultation dédiée spécifique avec le médecin traitant, faisant suite à l’annonce
du spécialiste, pourrait ainsi être organisée de manière plus systématique, dans le
cadre d’un protocole d’annonce, et ce quel que soit la pathologie grave.;