Description : L’alcoolodépendance est un problème de santé publique majeur en France. La découverte
d’une possible activité anti-craving du Baclofène a ouvert la porte à des espoirs
de guérison pour les patients alcoolodépendants. L’analyse des données actuellement
présentes dans la littérature concernant l’efficacité et la toxicité du Baclofène
dans la prise en charge de l’alcoolodépendance est réalisée.Six essais thérapeutiques,
randomisés, en double aveugle, bien menés, comparant l’efficacité du Baclofène au
placebo dans l’alcoolodépendance trouvaient pour la moitié une efficacité statistiquement
significative du Baclofène. Une méta-analyse des treize essais randomisés présents
dans la littérature et deux essais observationnels de longue durée (deux et trois
ans) sont en faveur d’une efficacité du Baclofène. La toxicité est limitée, les effets
indésirables graves les plus rapportés sont en lien avec une intoxication volontaire
à de fortes doses dans le cas de tentative d’autolyse. Les effets généraux disparaissent
en général avec la poursuite du traitement à la même posologie ou à une posologie
inférieure en cas de gêne importante. Il n’y a pas de toxicité sur le plan hépatique
même en cas de cirrhose, et la poursuite de la consommation d’alcool est possible
au cours du traitement. L’absence de preuve statistique de l’efficacité du Baclofène
semble liée à des problèmes d’hétérogénéité de la population étudiée et de biais de
sélection inhérents aux études portant sur l’alcoolodépendance. Sa prescription personnalisée,
avec évaluation fréquente de son efficacité semble licite, après mise en garde du
patient des possibles effets indésirables et de leur disparition avec la poursuite
du traitement;