Description : La précarité est un facteur de risque de morbi-mortalité à l'origine d'un gradient
de santé dans la population générale. Les services d'urgences, en tant que structures
de premier recours, ont un rôle à jouer dans la réduction des inégalités sociales
de santé. Explorer les représentations des internes urgentistes à propos de la précarité
pour mieux comprendre leurs rapports avec ces patients. Etude unicentrique qualitative
par entretiens semi-dirigés auprès de 13 internes en cours de formation pour devenir
urgentistes à Lyon. Entretiens réalisés du 18/11/18 au 25/03/19. Analyse inductive
réalisée par l'auteure, avec triangulation des données. Les représentations des internes
interrogés à propos des patients en situation de précarité sont celles d'un public
subissant de nombreux freins intrinsèques et extrinsèques à l'accès aux soins. La
place des urgences dans cette prise en charge était selon eux de repérer les patients
en situation de précarité pour ensuite les orienter vers une prise en charge sociale
spécialisée. L'hospitalisation était leur principal recours. Ils ont exprimé des difficultés
de diverses origines face à la prise en charge de ces patients : le manque de soutien
institutionnel et politique, une prise en charge complexe ou encore une temporalité
« urgences / social » incompatible. Un rapport médecin-patient conflictuel, grevé
par des incompréhensions pouvant mener à l'agressivité, alourdissait encore la charge
émotionnelle des internes. Ceux-ci ont exprimé leur volonté de faire de leur mieux
mais ces différents obstacles généraient frustration et lassitude. L'étude des déterminants
du recours aux soins des patients précaires, la sensibilisation au syndrome d'auto-exclusion,
le repérage des situations de précarité, l'expérience clinique ou encore la pluri-professionnalité
sont des pistes d'amélioration;