Description : Les conduites adolescentes, tantôt dangereuses, tantôt mystérieuses, souvent inquiétantes,
se révèlent parfois créatives et porteuses de sens pour le jeune qui les vit. La créativité
se définit comme une capacité à réaliser une production nouvelle et surprenante. Folie
et créativité entretiennent des liens étroits. L’art chez les fous a suscité un intérêt
croissant au fil des siècles. Pour les psychanalystes, la créativité est présente
dès les premières interactions entre la mère et son enfant et continue à se développer
bien après. La créativité fait suite à un travail de liaison-déliaison, qui peut aussi
mener à la destructivité. Pour les neurobiologistes, il semblerait que ce soit les
formes psychopathologiques plus modérées qui favorisent cette émergence créative.
A l’adolescence, on observe une réorganisation cérébrale qui place les adolescents
sous influence excessive des systèmes de récompense et de punition, à l’origine des
comportements spécifiques des adolescents. L’adolescence est un concept relativement
récent. Elle s’accompagne de grands bouleversements qui imposent au jeune un travail
psychique considérable pour s’approprier son nouveau corps, acquérir une autonomie
vis-à-vis de ses parents et se construire une identité. La créativité est une solution
originale et nouvelle que l’adolescent trouve pour affronter ces multiples enjeux.
Ce travail peut comporter une part de destructivité avec un risque de bascule dans
la psychopathologie. S’intéresser à la créativité des adolescents malades, c’est une
manière d’approcher leur monde interne. C’est aussi une façon de réveiller la créativité
du psychiatre, de l’aider à se décaler de l’enjeu d’avoir à poser un diagnostic à
cet âge. La confiance, la continuité dans ce lien sont essentielles pour aider le
patient à se construire. Cette relation implique un intense engagement émotionnel
de la part du psychiatre, pour qu’une vraie rencontre puisse avoir lieu.;