Description : Le médecin est un patient à part. Sa pratique de l'autoprescription favorise un retard
de prise en charge. Le médecin croit en son invulnérabilité et accepte difficilement
le rôle de patient. L'étude se penchait sur le médecin qui soigne son confrère et
recherchait les spécificités de cette relation. L'objectif principal de cette étude
était de déterminer l'attitude et le ressenti des médecins soignant leurs confrères.
Étude qualitative par entretiens semi-dirigés auprès de généralistes ayant soigné
un confrère. Résultats analysés selon la méthode de la théorisation ancrée et du paradigme
du constructivisme. Quinze généralistes ont été interrogés. Le soin d'un pair est
source de difficultés. Le soignant doit faire face à une absence de suivi, un retard
de prise en charge, un refus d'être patient, une identification source de surinvestissement.
La peur du jugement et de l'erreur médicale entrainent un stress de performance et
une surmédicalisation. Le soignant doit apprendre à cadrer la relation, à prendre
du recul et à favoriser l'anonymat. Les soignés peuvent être adressés à distance du
lieu d'exercice pour faciliter la confidentialité. L'ambiguïté des rôles peut aboutir
à un échec de la relation. Le soignant doit définir le positionnement et les actions
de chacun. La mise en place de structures dédiées de soins, le renforcement du suivi
médical sont des mesures à promouvoir. Le médecin doit être formé et disposer de référentiels
pour soigner ses confrères.;