Description : Introduction : Alors que le patient est censé pouvoir tout dire à son médecin généraliste,
le non-dit s’installe fréquemment lors des consultations, pouvant altérer la qualité
des soins. L’objectif de notre travail était d’évaluer le ressenti des patients sur
la perception et la place des non-dits dans leur relation avec leur médecin traitant.
Matériels et Méthode : Nous avons réalisé une étude qualitative par théorisation ancrée.
Quinze entretiens compréhensifs ont été effectués auprès de patients majeurs de la
région des Hauts-de-France. Ils ont été menés jusqu’à suffisance des données. Leur
analyse a été triangulée. Résultats : Les sujets relevant de l’intimité, les addictions
et les maladies psychiques sont particulièrement touchés par ces non-dits. Les raisons
sont multifactorielles. Elles dépendent de la personnalité des deux interlocuteurs
et de la relation qu’ils entretiennent. La peur d’être jugé ou incompris, celle de
découvrir une maladie grave, inhibent la parole. Par manque de temps, défaut d’écoute
ou de sujets jugés hors champ de compétence du généraliste, le patient n’ose se confier.
Parfois, le non-dit peut être un prétexte pour éluder la maladie. Ces mécanismes de
défense doivent être respectés, sauf s’ils leurs sont délétères : retard diagnostic,
inobservance, altération de la relation patient-médecin. Le non-dit entraine aussi
un recours à Internet et aux médecines alternatives. Les patients cherchent à devenir
acteur de leur santé et proposent des solutions pour faciliter la communication. Le
généraliste doit inciter la verbalisation par une écoute active, tout en respectant
l’intimité de son patient ; installer une relation de confiance en dédramatisant l’anormal,
et établir une prise en charge centrée sur le patient. Conclusion : Le non-dit est
un phénomène complexe. Il appartient au patient le choix de le révéler, en fonction
de la relation qu’il entretient avec son généraliste, et des conséquences que ce non-dit
pourrait engendrer. Le généraliste tient un rôle prépondérant dans cette démarche
de verbalisation.;