Description : Poser un diagnostic constitue une tâche centrale de l'exercice psychiatrique. Cette
tâche s'appuie actuellement sur un relevé clinique des critères du DSM- 5 ou de la
CIM-10, dont la validité est rarement questionnée alors même que ces critères sont
censés délimiter le champ clinique de la psychiatrie. Nous avons proposé dans ce travail
de questionner les conditions d'un diagnostic valide en psychiatrie et, ainsi, interroger
la pertinence de la critériologie DSM/CIM. Pour cela, dans une première partie, nous
avons choisi de revenir sur l'histoire du diagnostic en psychiatrie dont l'évolution
s'inscrit dans un parallélisme avec les mutations des conceptions de la pathologie
psychiatrique. Après ce rappel historique, nous avons souhaité, dans une seconde partie,
étudier la validité des catégories diagnostiques ainsi définies, à travers une revue
systématique de la littérature, en nous centrant sur le cas des troubles psychotiques
qui constituent le cœur de la pratique publique de notre discipline. Le principal
résultat de notre revue systématique de la littérature réside dans le fait que la
notion de trouble n'apparait donc pas valide au sens d'une entité clinico-biologique
distincte en psychiatrie. Nous avons suggéré que ce manque de validité peut expliquer
la multiplication des catégories diagnostiques au fil des révisions successives des
classifications internationales et compliquer la découverte de corrélats biologiques
ou cognitifs étant donné la recherche empirique s'appuie sur ces catégories. Partant
du constat de ce manque de validité, nous avons proposé, à la suite de certains auteurs,
dans une troisième partie, quelques lignes de réflexion sur des approches visant à
contourner voire résoudre ce problème de validité. En conclusion, nous proposons que
si le désir éperdu de clarté du psychiatre, représentée par la quête de la validité
du diagnostic, est un mouvement légitime et nécessaire à tout progrès scientifique,
l'acceptation de l'incompréhensibilité des objets sur lesquels se polarise notre discipline,
loin de signifier un quelconque renoncement, est tout aussi essentielle pour aider
le malade avec tout le champ des possibles dont nous avons la chance, aujourd'hui,
de disposer;