Description : Introduction : Le mélanome est un problème de santé publique de par son incidence
en constante augmentation, sa morbidité et sa capacité à métastaser en mettant en
jeu le pronostic vital du patient. Le diagnostic précoce est l'intervention la plus
efficace pour améliorer son pronostic. Un mélanome peut ne pas être distinguable cliniquement
ni par l’examen dermoscopique d’un simple naevus, en particulier pour les lésions
débutantes où les critères de malignité ne sont pas encore présents. C’est en se basant
sur le principe que les lésions malignes se modifient au cours du temps, alors que
les naevi restent stables pour la plupart, que la dermoscopie digitale a trouvé sa
place dans le dépistage des mélanomes précoces. L’objectif principal de cette revue
de littérature était de synthétiser dans un référentiel les multiples données et actualisations
récentes concernant la surveillance par dermoscopie digitale des lésions mélanocytaires,
dans une stratégie de diagnostic précoce du mélanome, en s’attachant aux modalités
de réalisation, puis en effectuant une évaluation de sa performance diagnostique.
L’objectif secondaire de ce travail était la constitution d’un dossier patient pour
notre service de dermatologie du Centre Hospitalier Universitaire Nord à Marseille.
Matériels et méthodes : Nous avons sélectionné des articles scientifiques publiés
entre 1997 et 2018, et des ouvrages spécialisés portant sur la dermoscopie digitale.
Nous avons utilisé les moteurs de recherche Pubmed, Google Scholar, Cochrane Library
et utilisé les mots clefs suivants : « dermoscopy », « dermatoscopy », « digital dermoscopy
» associé à « follow-up », « surveillance » « monitoring ». Seuls les articles faisant
référence aux lésions mélanocytaires ont été retenus. Résultats : La surveillance
par dermoscopie digitale des lésions mélanocytaires atypiques, à la recherche de changements
dynamiques subtils est indiquée pour les patients présentant un risque élevé de mélanome
et un nombre important de naevi. Il n’y a pas de consensus quant aux nombres de lésions
à surveiller. Le rythme de la surveillance inclut une surveillance à court et long
terme puis elle doit être annuelle ou biannuelle et maintenue à vie. Elle devrait
être systématiquement associée à la photographie corporelle totale qui permet de visualiser
l’apparition de lésions de novo. La surveillance par dermoscopie digitale s’avère
être efficace dans le diagnostic de mélanomes précoces pour lesquels les critères
spécifiques de mélanome ne sont pas encore présent. L’indice de Breslow des mélanomes
invasifs est plus faible que dans la population générale, presque toujours inférieur
à 1mm et la proportion de mélanomes in situ est plus importante. De plus, cette technique
permet de diminuer le nombre d’exérèse de lésion bénigne. En effet, le rapport malin-bénin
correspondant au nombre d’exérèse de lésion bénigne pour faire le diagnostic d’un
mélanome est plus faible. L’observance est la condition majeure pour assurer l’efficacité
d’un suivi par dermoscopie digitale. Par ailleurs le dermatologue réalisant cette
surveillance doit être formé à la dermoscopie et disposer d’un équipement spécifique.
Conclusion : Au cours des dernières années, des preuves de plus en plus nombreuses
se sont accumulées en faveur de la dermoscopie digitale pour le suivi des lésions
mélanocytaires atypiques chez les patients à risque élevé de mélanome. Cette approche
s'est avérée efficace pour le diagnostic précoce du mélanome sans augmenter le nombre
d'exérèse inutile.;