Description : Objectifs : l’objectif de cette étude est d’évaluer la fréquence et la gravité des
intoxications accidentelles par cannabis chez l’enfant signalées au Centre antipoison
de Marseille (CAPM) du 1ier janvier 2008 au 31 décembre 2017, soit 10 ans. Une première
étude a été effectuée par Spadari et al. entre 1993 et 2007 sur les données du CAPM.
L’objectif est de faire un nouveau bilan des cas d’intoxications et de les confronter
aux résultats de la précédente étude. Méthode : il s’agit d’une étude rétrospective
des cas d’intoxications accidentelles par cannabis chez des enfants d’âge à 10 ans
notifiés au CAPM de 2008 à 2017 inclus. Il a été exclu de cette étude, les prises
infirmées certaines, les cas d’inhalations de fumée de cannabis ainsi que la prise
concomitante d’autres substances. Résultats : le CAPM a recensé 238 cas d’intoxications
cannabiques chez des enfants d’âge 10 ans durant la période 2008 - 2017. 67 % de
ces intoxications concernaient des enfants âgés de 12 à 24 mois avec une prédominance
pour le sexe féminin. De manière générale, ces intoxications se déroulaient au domicile
parental (92,9 %). 58 % étaient dues à la résine de cannabis. La majorité des appels
reçus au CAPM provenait d’un médecin hospitalier. Parmi ces 238 intoxications, nous
avons eu 184 cas symptomatiques. Les signes cliniques retrouvés essentiellement étaient
la somnolence (68 %), la mydriase (42 %), l’hypotonie (22 %) et l’agitation (16 %).
La majorité des cas a reçu une prise en charge hospitalière durant 24 à 48 heures
(59 %). Sur les 83 enfants qui ont bénéficié d’une recherche urinaire, 93,5 % étaient
positifs. A partir de 2014, nous avons pu constater une augmentation de cas ayant
une forte gravité ainsi que le nombre d’enfants hospitalisés en réanimation. Tout
nos cas ont évolué favorablement. Aucun décès n’a été rapporté. Conclusions : notre
étude ainsi que les différentes recherches citées confirment la hausse de la fréquence
et de la gravité des intoxications cannabiques chez l’enfant en région PACA et même
en France. La banalisation et la diffusion large du cannabis malgré son interdiction
sont probablement responsables de l’augmentation de ces cas. De même, l’augmentation
de la gravité est surement en lien également avec la hausse de la concentration de
THC dans les produits à base de cannabis.;