Description : Introduction : Le syndrome dépressif touche en France 3 millions de personnes par
an. Les antidépresseurs et la psychothérapie sont recommandés en 1ere intention et
diverses interventions non médicamenteuses (INM) en complément. Parmi elles, l’activité
physique est recommandée en France depuis 2017 comme simple mesure d’hygiène à associer
aux traitements. D'autres pays l'utilisent plus largement. Les preuves du bénéfice
de l’activité physique dans le traitement ou la prévention de la dépression ne cessent
de croitre. Cependant, il n’existe actuellement que peu d’approches sur le vécu des
patients dans ce contexte. Objectif : Comprendre l'influence de l'activité physique
sur la maladie dépressive en interrogeant l'expérience vécue des patients. Méthode
: Etude qualitative phénoménologique. Les patients dépressifs suivis en ambulatoire
ou en institution ont été interrogés après un consentement éclairé. L’activité physique
était recommandée par leur médecin ou pratiquée par eux même. Un guide d’entretien
centré sur l’expérience vécue a facilité le recueil de verbatims jusqu’à saturation
des données. Ils ont été analysés par la méthode semio-pragmatique avec triangulation
des chercheurs. Résultats : 11 patients ont été interrogés. Les 4 catégories conceptualisantes
sont : L’activité physique est une parenthèse dans le vécu de la maladie dépressive
en permettant de quitter le statut de malade. Cette influence est bénéfique par la
médiation du corps et est donc spécifique vis-à-vis d’une autre activité de loisir
: estime de soi, dépense entrainant un bien être global et une extériorisation des
idées négatives. Ce bénéfice n’est retrouvé que s’il existe un partage dans un groupe
bienveillant. L’activité physique doit être adaptée au patient, à ses goûts et à ses
capacités souvent altérées par la dépression elle-même ou par les traitements médicamenteux.
Au total, les patients considéraient que l’activité physique améliorait spécifiquement
leur humeur sans être l’unique réponse thérapeutique. Discussion : Cette étude qualitative
originale, dont les critères de validité sont respectés, renforce l’idée d’un bénéfice
de l’activité physique sur le vécu de la maladie dépressive par une approche compréhensive.
Au-delà du bienfait par la distraction, la notion de plaisir, le partage, commune
à toute activité de loisir, l’impact physique est spécifique sur le bien-être global.
Ce lien entre le psychisme et le corps doit être considéré. L’accompagnement individualisé
des patients et la bienveillance du groupe sont les conditions nécessaires à une efficacité.
Les médecins doivent s’impliquer dans la promotion de cette INM dont l’évaluation
est à poursuivre;