Description : Contexte et objectifs : Le taux d’activité des femmes a augmenté régulièrement depuis
les années 1970 et les femmes sont de plus en plus souvent en emploi au moment où
elles vont avoir une grossesse. Ce travail a pour principal objectif de décrire et
comprendre les liens entre l’activité professionnelle et la grossesse. Tout d’abord,
en comparant les taux d’activité professionnelle selon que les femmes sont enceintes
ou appartiennent à la population féminine générale. Dans un second temps, en observant
comment le groupe professionnel et le statut de l’emploi occupé influencent le moment
de l’arrêt de travail pendant la grossesse. Enfin la troisième partie analyse l’impact
de la position sociale, définie d’abord par le statut d’emploi des femmes et prenant
en compte leur situation de couple et l’emploi du partenaire, sur la surveillance
pendant la grossesse et les issues périnatales.Méthodes et population : Les données
ont été extraites des Enquêtes Périnatales Nationales (ENP) en 1972, 1981, 1995, 1998,
2003, 2010 et 2016 et des données du recensement Une comparaison de l’activité professionnelle
des femmes enceintes et de la population générale des femmes en France métropolitaine
en fonction de l’âge et du niveau d’études, a été effectuée. Une modélisation de l’activité
professionnelle pendant la grossesse en fonction des caractéristiques sociodémographiques,
de la période entre 1972 et 2016 et de la génération de naissance, a été réalisée.
Une analyse des femmes qui travaillaient pendant la grossesse en 2010 et en 2016 a
été menée pour déterminer les moments de l’arrêt de l’activité professionnelle au
cours de la grossesse, selon la situation médicale et la position sociale des femmes,
en s’intéressant à l’arrêt précoce, avant 24 semaines d’aménorrhée (SA), et à l’arrêt
tardif, après 36 SA révolues. Une analyse entre 1995 et 2016 a permis de décrire
la surveillance prénatale et les issues périnatales en fonction du statut d'emploi
des femmes et de leur partenaire pendant la grossesse.Résultats : Comme dans la population
générale, le taux d’emploi des femmes enceintes a augmenté régulièrement entre 1972
et 2016, de 53 à 74 %. En 2016, 32 % des femmes qui travaillent pendant la grossesse
se sont arrêtées avant 24 SA, et 2 % après 37 SA. Il existe des inégalités sociales
autour des arrêts de l’activité professionnelle: les femmes ayant les situations sociales
les plus défavorables s’arrêtent précocement pendant leur grossesse, alors que les
femmes qui s’arrêtent tardivement ont des situations socioprofessionnelles plus favorisées,
quelle que soit leur situation médicale. Entre 1995 et 2016, les différences selon
la position sociale des femmes enceintes observées pour la surveillance prénatale
et les issues périnatales se réduisent mais persistent.Conclusion : Les transformations
majeures du rapport à l’emploi des femmes au cours des dernières décennies peuvent
modifier les pratiques des soignants prenant en charge les femmes enceintes. La majorité
des femmes enceintes sont des femmes en emploi rémunéré et la discussion de l’arrêt
de l’activité professionnelle au cours de la grossesse doit s’évaluer au regard de
la situation médicale mais aussi de la situation sociale et professionnelle. Une attention
particulière doit être portée aux femmes plus défavorisées, soit au chômage ou sans
activité professionnelle déclarée, soit ayant une situation précaire dans l’emploi,
car ces femmes ont une initiation des soins plus tardive et des issues périnatales
plus défavorables que les femmes qui travaillent avec une position sociale plus favorisée.;