Description : Le virus Zika a récemment émergé en Asie et aux Amériques. Il est responsable de plusieurs
manifestations pathologiques comme quelques affections neurologiques mais le plus
souvent l’infection est bénigne, voire asymptomatique. Dans ce contexte, la survenue
de graves altérations du développement du fœtus a été source de grande inquiétude
et a donné un intérêt particulièrement important à cette infection. Ainsi, l’organisation
mondiale de la santé (OMS) désignait, d’avril à novembre 2016, l’épidémie d’infection
par le virus Zika comme un problème majeur et urgent de santé publique. La transmission
du virus se fait par l’intermédiaire d’un vecteur, le plus souvent les moustiques
du sous-genre Aedes, mais des cas de contamination sexuelle ont été rapportés. Nous
rapportons et discutons ici les résultats de l’étude prospective « Ziksperm » qui
analyse les liens entre sperme et virus chez l’homme ainsi que les résultats des études
transversales sur l’appareil génital féminin. Chez l’homme, nous démontrons que l’ARN
du virus peut être retrouvé dans le sperme jusqu’à 120 jours après l’infection aigue.
Trois profils de patients ont été définis : les non-excréteurs dans le sperme, les
excréteurs dans le sperme et dans le sang et/ou les urines de façon concomitante et
enfin les longs excréteurs dans le sperme alors que la charge virale dans le sang
ou les urines est négative. De plus, au-delà de la détection d’ARN viral, nous mettons
en évidence un virus compétent (capable d’infecter des cellules et de se répliquer)
dans la population de spermatozoïdes obtenus après préparation. L’infection par le
virus Zika a pour conséquences des modifications des caractéristiques du sperme et
des hormones de la reproduction. Chez la femme, nous observons de l’ARN viral dans
le vagin et au niveau de l’endocol. La durée de l’excrétion virale dans le tractus
génital est moindre que dans celui de l’homme. Cependant l’ARN viral peut être détecté
à ce niveau même si le virus n’est pas retrouvé dans le sang ou les urines. Ces résultats
sont importants pour la compréhension des conséquences de l’infection Zika sur la
fonction de reproduction et pour évaluer le risque de transmission sexuelle.;