Description : La période périnatale (grossesse et première année post-partum) est une période de
vulnérabilité à la survenue/l’aggravation de symptômes/troubles psychiatriques chez
les mères pouvant conduire jusqu’au suicide. À partir des données du dernier rapport
de l’Enquête nationale confidentielle sur les morts maternelles en France et de résultats
majeurs de la littérature internationale, l’objectif de cet article est : i) de présenter
et de discuter les principales données épidémiologiques concernant les suicides maternels
(fréquence, caractéristiques, facteurs de risque, évitabilité), ii) de lister les
principaux outils de dépistage et les interventions en prévention. En France, sur
la période 2013-2015, les suicides représentaient la première cause connue de décès
maternels en période périnatale (13,4% de l’ensemble des décès), soit 1,4 femmes pour
100 000 naissances vivantes (intervalle de confiance à 95% (IC95%): [1,0-2,0]). La
majorité des suicides (77%) s’étaient produits après le 42e jour post-partum et en
médiane vers le 4e mois post-partum. Les différents facteurs de risque retrouvés en
France comme à l’international étaient notamment : la précarité, l’isolement, des
évènements de vie douloureux, des antécédents psychiatriques et des complications
pendant la grossesse ou l’accouchement. Les données nationales et internationales
montrent également qu’une grande part de ces décès serait évitable. Parmi les stratégies
de prévention, un dépistage précoce et répété des femmes à risque, et tout spécifiquement
de celles présentant des troubles psychiatriques déjà connus ou incidents, et une
prise en charge graduée sont à retenir. En France, le projet gouvernemental « 1 000
premiers jours », les entretiens prénatals précoces et post-natals obligatoires vont
dans ce sens. Néanmoins, seul un déploiement national et universel de ces mesures
pourra infléchir cette problématique majeure.;