Description : Un décryptage des effets d’injonctions institutionnelles liées aux réformes gestionnaires,
qui contribuent largement à renforcer le non-abord de la sexualité par les infirmiers.
En dépit d’une technicisation croissante du métier qui fait écho au processus de spécialisation
du champ médical, la revendication d’autonomie des infirmier·es est principalement
adossée au versant relationnel de leur travail, plaçant l’« approche globale » au
coeur des discours professionnels. Dans quelle mesure les savoir-faire en matière
de sollicitude des infirmier·es peuvent-ils cependant survivre face aux injonctions
gestionnaires qui s’appliquent désormais à grand renfort d’outils informatiques s’immisçant
dans la relation soigné·es/soignant·es ? Basé sur une enquête qualitative menée en
Suisse romande auprès de vingt-neuf infirmières et infirmiers exerçant en oncologie,
l’article montre que le non-abord de la sexualité est un révélateur saisissant des
grandes difficultés que rencontrent les soignant·es pour faire reconnaître tout un
pan de leur rôle professionnel se rapportant au travail du care, qui s’avère aussi
peu rentable économiquement que symboliquement.;