Description : Introduction : La relation médecin-patient est complexe et évolutive au même titre
que la société. Malgré ses capacités d’adaptation dans sa relation aux autres, il
arrive parfois que le professionnalisme du médecin généraliste laisse place à une
part de subjectivité : se développe alors une relation d’amitié entre médecin et patient.
L’objectif de cette étude était de s’intéresser au vécu de chaque médecin, quand l’amitié
s’immisce dans les soins. Méthode : Une étude qualitative a été menée par des entretiens
individuels auprès de médecins généralistes installés dans les Hauts-de-France entre
février 2021 et décembre 2021. L’analyse a été menée par théorisation ancrée avec
triangulation des données. Résultats : Un total de dix entretiens a permis la suffisance
des données. Le médecin généraliste intervenant en première ligne était sollicité
en permanence. La fragilité psychologique, sociale ou organique (soins palliatifs)
du patient représentait une difficulté supplémentaire dans le maintien d’une distance
émotionnelle avec le patient. Le médecin généraliste pouvait se mettre en danger par
une disponibilité à la demande, et un dépassement de ses limites sur le plan professionnel
et émotionnel. Pour y faire face, le médecin généraliste s’efforçait de se protéger
en dichotomisant vie privée et vie professionnelle et en autonomisant le patient dans
les soins. Conclusion : L’introduction de l’amitié dans les soins demande des efforts
supplémentaires au médecin généraliste pour maintenir un cadre professionnel et éviter
l’envahissement émotionnel. Avantageuse pour le patient, elle représente surtout un
poids pour le médecin. Plusieurs ajustements sont alors nécessaires de la part du
médecin généraliste pour y faire face et rétablir l’équité dans les soins.;