Description : Introduction. Il a été démontré que le début de la vie est le moment clé dans la
genèse des inégalités sociales de santé : le soutien à la parentalité constitue l’un
des leviers majeurs pour limiter voire réduire ces inégalités. Cette thèse a pour
objectif d’élaborer un cadre conceptuel établissant les conditions de réussite des
interventions, politiques et organisations d’accompagnement à la parentalité visant
à limiter les inégalités sociales de santé pour la mère et l’enfant dans la période
périnatale. Méthodes. La recherche comportait deux volets, une revue systématique
et une évaluation réaliste. - La revue systématique : il s’agissait d’une revue de
revue sélectionnant des revues de littérature publiées entre 2009 et 2016 en langue
anglaise ou française. Ont été retenues 21 revues répondant aux critères AMSTAR. Elles
ont été analysées au regard de leur prise en considération des inégalités sociales
de santé, selon PRISMA-equity. - L’évaluation réaliste : la démarche comportait trois
étapes 1) l’élaboration d’une première théorie à partir des résultats de la revue.
2) étude de cas multiple. Deux cas ont été investigués : les territoires frontaliers
de l’industrie sidérurgique de Longwy en Lorraine et Esch-sur-Alzette au Luxembourg.
Ils ont été sélectionnés pour leur proximité géographique et le caractère particulièrement
vulnérable et inégalitaire des populations qui y résident. Les données recueillies
émanaient de plusieurs sources, comprenant un corpus documentaire, des questionnaires
et des entretiens. L’analyse portait sur la prise en considération des inégalités
sociales de santé dans les pratiques.3) synthèse explicitant le fonctionnement des
interventions à partir des mécanismes en jeu dans leur contexte réel. Résultats. La
synthèse des revues révèle explicitement les limites des connaissances actuelles sur
l'équité en santé dans le domaine du soutien parental. Les programmes d'éducation
parentale, le plus souvent offerts uniquement aux mères et surtout aux plus défavorisées,
tiennent rarement compte des gradients sociaux de santé. En outre, les publications
proviennent principalement de cultures anglo-saxonnes ; il existe peu de données sur
le sujet dans le contexte des politiques européennes. L’étude de cas, a permis de
détailler en profondeur les leviers interventionnels, les contextes et les éléments
de mécanismes du point de vue des différentes parties prenantes. La synthèse a permis
de proposer une théorie de moyenne portée explicitant que les mécanismes d’universalisme
proportionné, de coordination des acteurs, de considération des besoins parentaux
sont efficaces en matière de lutte contre les inégalités sociales de santé lorsque
les leviers d’actions sont macrosociaux. Conclusion. A partir de deux méthodes d’investigation
complémentaires, ce travail a permis de construire une théorie qui constitue des pistes
pour la recherche et l’action.;