Description : Selon la nature du mal, l’atteinte de notre santé nous rappelle souvent notre condition
d’êtres mortels et suscite en nous les émotions les plus diverses. Dans ce tourbillon
d’émotions, l’intervention du médecin apparaît salvatrice et permet d’espérer. Confronté
à la maladie, c’est vers le médecin qu’on se tourne naturellement car il est celui
qui est réputé détenir le savoir et, surtout, le pouvoir d’apaiser les maux et de
guérir. Souvenons-nous que jadis les médecins étaient considérés comme des demi-dieux
et que la Faculté avait l’autorité de l’Olympe. Pour cela, la personne se livre, se
raconte, dévoile son intimité et s’en remet au médecin qui assume tout à la fois les
rôles de confident, de conseiller et de guérisseur. De fait, le médecin tisse des
rapports particuliers avec celui qui le consulte. Afin d’agir dans l’intérêt exclusif
du patient, sans se laisser abuser par ses états émotionnels et en s’écartant parfois
de ses désirs et préférences, il peut donc adopter ce qu’on appelle une attitude «
paternaliste ». Cela fait du médecin un agent pleinement autonome. Mais, il s’en suit
une limitation de l’autonomie du patient. On a beaucoup discuté l’asymétrie de ce
rapport médecin-malade en comparant le médecin debout, sachant et décidant aux côtés
du malade, couché, souffrant, ignorant et dépendant. Mais c’est bien « la capacité
d’amener une ou plusieurs personnes à agir, individuellement ou collectivement, d’une
manière désirée » qui constitue la pierre angulaire du pouvoir, en l’occurrence «
le pouvoir médical ».;