Description : Introduction : en France, 1 femme meurt tous les 2,7 jours suite aux violences conjugales
(VC). Jusqu’à 4 femmes sur 10 sont victimes de VC alors que les médecins généralistes
déclarent voir 2 cas annuels. Depuis 2019, la HAS recommande de « repérer systématiquement,
même en l’absence de signe d’alerte » les VC. The women abuse screening tools (WAST)
est le seul questionnaire de dépistage des VC traduit et validé. L’objectif de cette
étude était d’explorer le ressenti des médecins généralistes lors du dépistage systématique
des VC à l’aide du questionnaire WAST. Méthode : une enquête qualitative par entretiens
individuels semi-dirigés a été réalisée auprès de médecins généralistes installés
en cabinet libéral. Il leur a été demandé d’appliquer systématiquement durant 5 jours
le questionnaire WAST, à toutes les femmes vues en consultation. Les médecins ont
été interrogés à l’issu de cette expérience. Résultats : le dépistage systématique
des VC était mal vécu par les médecins car il touchait à la relation médecin – patiente
et à leur routine de consultation. Trois émotions majeures négatives à propos du dépistage
ressortaient : la préoccupation, l’appréhension et la peur. Les médecins demandaient
un cadre protecteur pour sortir de leur zone de confort et aborder le sujet des VC
: diminution du tabou, mise à disposition de ressources, outils et formations. Ces
prérequis étaient indispensables mais insuffisants. Les médecins témoignaient d’une
charge mentale et d’un impact émotionnel importants rendant difficile la poursuite
du dépistage systématique. Discussion : le questionnaire WAST s’avérait être une aide
dans le dépistage des VC. Cet outil pratique présentait des bénéfices mais demeurait
insuffisant pour dépasser les appréhensions des médecins, issues de leurs expériences
antérieures. Le dépistage des VC restait perçu comme dangereux. Un apprentissage de
la gestion des émotions serait nécessaire pour pratiquer le dépistage des VC au long
cours.;