Description : Bien qu’il soit reconnu que la pollution de l’air extérieur affecte la santé respiratoire,
les mécanismes biologiques sous-jacents qui expliquent ces associations sont encore
mal connus, et les associations entre l’exposition à long-terme à la pollution de
l’air extérieur, qu’elle soit issue du trafic routier ou de l’industrie, et la fonction
ventilatoire sont peu étudiées chez l’adulte.L’objectif général de cette thèse était
d’étudier l’impact de la pollution de l’air extérieur sur la santé respiratoire des
adultes dans deux études épidémiologiques françaises : l’étude cas-témoins et familiale
EGEA et l’étude en population générale ELISABET. L’association entre l’exposition
à long-terme à la pollution de l’air extérieur et différents phénotypes d’asthme et
le rôle de la voie biologique du stress oxydant dans ces associations ont été étudiés
dans EGEA. Dans les analyses transversales, l’ozone (O3) et le trafic routier étaient
associés à l’asthme actuel. Le niveau du 8-isoprostane (8-iso), un biomarqueur de
dommages mesuré dans le condensat de l’air exhalé, augmentait avec l’exposition aux
particules d’un diamètre inférieur à 2.5 μm (PM2.5) et diminuait avec l’exposition
à l’O3 et à l’O3-estival. Les niveaux des produits d’oxydation fluorescents (POFs),
des biomarqueurs de dommages mesurés dans le plasma, augmentaient avec l’exposition
au dioxyde d’azote (NO2), aux oxydes d’azote, aux PM10 et aux PM2.5. Un niveau élevé
de 8-iso était associé à l’asthme actuel et des niveaux élevés de POFs étaient associés
au mauvais contrôle de l’asthme. Dans les analyses longitudinales, l’exposition à
l’O3 augmentait les niveaux des POFs, et les niveaux des POFs étaient associés à l’asthme
persistant. L’étude du rôle des POFs comme médiateurs dans l’association entre l’O3
et l’asthme persistant montrait que l’O3 était associé à l’asthme persistant à travers
un effet indirect médié par les POFs, représentant 41% de l’effet total.L’association
entre l’exposition à long-terme à la pollution de l’air extérieur et la fonction ventilatoire
a été étudiée dans ELISABET et EGEA. Dans ELISABET, l’exposition au NO2 et aux PM10
était associée à une baisse du volume expiratoire maximal en une seconde (VEMS), de
la capacité vitale forcée (CVF), du rapport VEMS/CVF, du débit expiratoire maximal
entre 25% et 75% de la CVF (DEM25-75), et du debit expiratoire à 75% de la CVF (DEM75).
L'exposition au dioxyde de soufre (SO2) était associée à une baisse du VEMS, du rapport
VEMS/CVF, du DEM25-75 et du DEM75. Dans EGEA, le trafic routier était associé à une
baisse du VEMS et du rapport VEMS/CVF, l’O3-estival à une baisse du rapport VEMS/CVF
et du DEM25-75, et les PM10 à une baisse du DEM25-75 et à une baisse à la limite de
la significativité du VEMS et de la CVF. L’exposition au SO2 était associée à une
augmentation du rapport VEMS/CVF et du DEM25-75.En conclusion, ces travaux de thèse
apportent de nouvelles preuves 1) d’un lien entre l’exposition à long-terme à la pollution
de l’air extérieur et les phénotypes d’asthme et suggèrent que le stress oxydant au
niveau pulmonaire et systémique peut jouer un rôle dans ces associations, et 2) d’un
lien entre l’exposition à long-terme à la pollution de l’air extérieur et la fonction
ventilatoire.;