Description : Objectifs – Mis en place en 1998, le Programme national de surveillance du mésothéliome
(PNSM) fonctionne depuis vingt ans. Cet article dresse un bilan de l’évolution de
la situation épidémiologique des mésothéliomes pleuraux malins entre 1998 et 2017,
en France, en termes d’incidence, de survie, d’exposition des patients atteints et
de leur recours aux dispositifs d’indemnisation médico-sociale. Méthodes – Dans les
21 départements couverts par le programme, une procédure standardisée de recueil actif
et de confirmation anatomopathologique et clinique des tumeurs primitives de la plèvre
est mise en œuvre. Les expositions vie entière, professionnelles et extra-professionnelles,
à l’amiante et aux autres facteurs étudiés sont recueillies. Les recours des personnes
atteintes de mésothéliome aux dispositifs d’indemnisation (maladie professionnelle
et Fonds d’indemnisation des victimes de l’amiante – Fiva) sont recueillis et analysés.
Résultats – Parmi les 5 625 nouveaux cas recueillis sur la période 1998-2017, les
procédures de certification diagnostique (anatomopathologique puis clinique) ont permis
de certifier 82% des cas et d’en exclure 6%, 12% demeurant incertains. On observe
une augmentation du nombre annuel de cas estimé sur l’ensemble de la période, passant
de 800 à 1 112 cas entre les périodes 1998-2002 et 2013-2016. Alors qu’une exposition
professionnelle à l’amiante est encore retrouvée chez plus de 90% des hommes, elle
n’est que de 40% chez les femmes, et pour 25% d’entre elles aucune exposition n’a
été retrouvée. Le recours aux dispositifs d’indemnisation est encore insuffisant,
avec 27% des patients relevant du régime général de Sécurité sociale (RGSS) ne faisant
aucune démarche et 53% de ceux hors RGSS n’ayant pas recours au Fiva. Conclusion –
Il est essentiel de renforcer les actions de prévention ciblées sur les expositions
contemporaines à l’amiante, tant auprès des travailleurs et des jeunes en formation
que de la population générale et des professionnels de santé. Il importe également
d’accroître les actions d’information, auprès des professionnels de santé et des patients,
sur les possibilités de recours aux dispositifs de reconnaissance médico-sociale.
La mise en œuvre en 2021 du Dispositif national de surveillance des mésothéliomes
(DNSM) intégrant le PNSM et la déclaration obligatoire (DO) permettra de moderniser
et optimiser la surveillance de tous les mésothéliomes (plèvre et autres localisations)
sur le territoire national, de l’adapter aux nouveaux enjeux (dont les expositions
environnementales), de parfaire le dispositif national d’enquêtes d’expositions et
de renforcer l’articulation avec les travaux de recherche.;