Description : Trois millions de personnes vivent en France avec un antécédent personnel de cancer
et ont des difficultés d’accès à l’emprunt et à l’assurance. Depuis 2016, la loi de
« modernisation de notre système de santé » a fixé le « droit à l'oubli » (délai au-delà
duquel les demandeurs d’assurance ayant eu un antécédent de cancer n’auront plus à
le déclarer) à 10 ans après la fin des traitements. D’un point de vue statistique,
on peut considérer ce délai comme le délai au-delà duquel la surmortalité liée au
cancer (taux de mortalité en excès) s’annule durablement, ce qui se traduit sur les
courbes de survie nette par un plateau correspondant à la proportion de patients guéris.
La vérification de l’hypothèse de guérison repose sur deux critères : un taux de mortalité
en excès négligeable et la confirmation graphique de l’existence d’un plateau. Une
nouvelle définition du délai de guérison a été proposée pour ce travail comme le temps
à partir duquel la probabilité d’appartenir au groupe des guéris atteint 95%.Le premier
objectif de cette thèse était de fournir des estimations du délai de guérison à partir
des données des registres de cancer du réseau FRANCIM pour chaque localisation de
cancer selon le sexe et l’âge. Le délai de guérison est inférieur à 12 ans pour la
majorité des localisations vérifiant l’hypothèse de guérison. Il est notamment inférieur
ou égal à 5 ans, voire nul pour certaines classes d’âge, pour le mélanome de la peau,
le cancer du testicule et de la thyroïde. Les critères pour la vérification de la
guérison sont subjectifs et le délai de guérison ne repose pas sur une estimation
directe par les modèles de guérison préexistants. Un nouveau modèle de guérison a
été développé, incluant le délai de guérison comme paramètre à estimer afin de répondre
objectivement à la question de l’existence d’une guérison statistique et de permettre
une estimation directe du délai de guérison.Le second objectif de la thèse était de
comparer, dans des situations contrôlées pour lesquelles le taux de mortalité en excès
devenait nul, les performances de ce nouveau modèle à celles de deux autres modèles
de guérison. La survie nette et la proportion de guéris estimées par les modèles ont
été comparées aux valeurs théoriques utilisées pour simuler les données. Le nouveau
modèle permet, avec des conditions strictes d’application, d’estimer directement le
délai de guérison avec des performances aussi satisfaisantes que celles des autres
modèles.;