Description : La précarité socio-économique est associée à une moins bonne survie chez les patients
atteints de tumeurs solides. Elle a été moins étudiée dans les leucémies aigues myéloïdes
(LAM) et les résultats de ces études sont contradictoires. Dans cette étude monocentrique,
nous évaluons l’impact de la précarité au moyen du score EPICES dans une cohorte prospective
de patients atteints de LAM traités par chimiothérapie d’induction. Le questionnaire
EPICES était remis à tous les patients recevant une chimiothérapie d’induction pour
une LAM nouvellement diagnostiquée à l’Institut Paoli-Calmettes entre juillet 2012
et décembre 2014. Le score EPICES stratifiait la population en 3 sous-groupes : non
précaires (score EPICES 30.17), précaires (score 30.17) et très précaires (score
48.52). Les associations entre les caractéristiques du patient et de la maladie avec
la survie et la précarité étaient analysées. Parmi 209 patients ayant reçu le questionnaire
EPICES, 149 (71.3%) des patients y ont répondu. L’âge médian des patients était de
62.5 ans, la distribution des groupes de risque ELN était : favorable 41 (30.2%) intermédiaire
63 (46.3%) et défavorable 32 (23.5%). Le score EPICES moyen était de 23.6, 26.8% des
patients étaient classés précaires et 10.1% étaient très précaires. La survie médiane
était de 23.2 mois. Après analyse multivariée, la très grande précarité, l’appartenance
au groupe ELN intermédiaire ou défavorable, ainsi qu’un âge élevé étaient significativement
associés à une moins bonne survie. Nos résultats soulignent l’importance d’intégrer
les facteurs non biologiques dans la stratification des patients atteints de LAM,
et laissent suggérer que le niveau de précarité devrait être évalué dans les essais
cliniques. Nos résultats montrent également la relevance du score EPICES pour évaluer
le statut socio-économique. De plus, le score EPICES pourrait être utile en pratique
clinique afin d’identifier les patients les plus précaires, qui pourraient bénéficier
du développement d’interventions psychologiques, sociales ou financières. Des études
menées à plus grande échelle sont nécessaires, afin de confirmer nos résultats et
de comprendre le rôle de chaque déterminant de la précarité sur le pronostic des patients
présentant une LAM.;