Description : Cette thèse, qui s'inscrit dans la tradition méthodologique de l'épistémologie historique,
porte sur l'histoire et la formation du concept de biais dans l'épidémiologie moderne.
Elle montre que la fonction opératoire du concept de biais est essentiellement critique,
au sens où ce concept, que les épidémiologistes opposent au cours de l'histoire aux
concepts d'objectivité, de preuve et de causalité, joue un rôle décisif dans la constitution
de l'épidémiologie comme science, mais aussi dans l'avènement d'une médecine scientifique.
Un éclairage historique et critique est apporté à la définition actuelle du biais,
conçu comme une erreur ou un écart systématique par rapport à la vérité, ainsi qu'aux
différentes taxinomies des biais qui jalonnent l'histoire de ce concept, dont l'origine
se situe chez les fondateurs de la statistique mathématique. Le biais apparait ainsi
comme une menace aussi bien à la validité du plan d'expérience d'une étude épidémiologique
qu'à la validité de l'inférence statistique et du raisonnement médical. En d'autres
termes, ce sont les conséquences que la révolution probabiliste a eues sur l'épidémiologie
et sur la médecine qui sont ici étudiées, et qui ont conduit les épidémiologistes
et les médecins à une forme de scepticisme et même de criticisme envers leurs propres
inférences, ce qui donnera naissance au mouvement de la médecine fondée sur des preuves.;