Description : La mutilation digitale, unitaire ou multiple, a un impact critique sur la fonctionnalité
de la main avec une diminution importante de la qualité de vie des patients. La reconstruction
échappe souvent aux techniques avancées d’autotransplantation, et l’allotransplantation
est ici contre-indiquée. L’expérience en bio-ingénierie de la face humaine a suggéré
cependant que l’application à des greffons digitaux de cette approche pouvait ouvrir
une nouvelle alternative thérapeutique. Huit greffons humains de doigts longs ont
été prélevés post mortem, avec leurs pédicules vasculaires, puis décellularisés avec
succès par perfusion séquentielle de détergents et de solvant polaire. La déplétion
cellulaire a été confirmée par histologie standard, avec diminution significative
de l’ADN (95,3%, p 0.0001). La préservation structurelle de la matrice extra-cellulaire
(MEC) a été étudiée qualitativement par histologie, par quantification de la densité
osseuse, et par mesure des propriétés mécaniques de l’ensemble digital. Toutes les
données obtenues se sont révélées comparables aux contrôles non décellularisés. In
vitro, des fibroblastes cultivés sur les matrices ainsi obtenues ont conservé leur
viabilité, avec une distribution homogène. In vivo, la reperfusion sur receveur porcin
a montré la perméabilité vasculaire durant 3 heures d’observation. Nous avons ainsi
pu démontrer la possibilité de produire des matrices acellulaires de greffons digitaux,
préservant leur MEC et un arbre vasculaire transplantable, premier pas vers une greffe
immuno-compatible et ses applications cliniques.;