Description : La réduction des inégalités face à la maladie est un des attendus majeurs du troisième
Plan cancer 2014-2019, qui préconise de « diminuer l’impact du cancer sur la vie personnelle
» afin d’éviter la « double peine » (maladie et exclusion du marché du travail). Dans
ce contexte, nous évaluons l’impact de un à cinq ans d’un primo-enregistrement en
Affection de longue durée (ALD) caractérisant le cancer sur la situation professionnelle
et la durée passée en emploi, maladie et chômage de salariés du secteur privé. Nous
utilisons la base de données administratives Hygie, recensant la carrière professionnelle
et les épisodes de maladie d’un échantillon de salariés affiliés au régime général
de la Sécurité sociale. L’évaluation de l’impact de la survenue du cancer s’appuie
sur une méthode de double différence avec appariement exact pour comparer les salariés
malades aux salariés sans aucune ALD. La première année après le diagnostic correspond
au temps des traitements caractérisé par une augmentation du nombre de trimestres
d’arrêts de travail pour maladie de 1,7 pour les femmes et de 1,2 pour les hommes.
L’âge joue également un rôle sur les absences liées à la maladie. Par ailleurs, l’employabilité
des travailleurs atteints du cancer diminue avec le temps. La proportion de femmes
et d’hommes employés au moins un trimestre, baisse respectivement de 8 et 7 points
de pourcentage dans l’année suivant la survenue du cancer et jusqu’à treize points
de pourcentage cinq ans plus tard. Cette distance à l’emploi se renforce lorsque les
salariés malades sont plus âgés. L’effet de la maladie à cinq ans est respectivement
de 15 et 19 points de pourcentage pour les hommes de plus de 51 ans et pour les femmes
de plus de 48 ans. Ces différences de genre et d’âge peuvent traduire des différences
de localisation et de sévérité des cancers, d’une part, de séquelles des cancers et
de difficultés de réinsertion sur le marché du travail plus importantes avec l’avancée
en âge, d’autre part.;