Libellé préféré : érotomanie;
Synonyme SNOMED : syndrome de clérambault;
Identifiant d'origine : F-94565;
CUI UMLS : C0022492;
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Correspondances UMLS (même concept)
Type(s) sémantique(s)
N3-AUTOINDEXEE
Discussion clinique et enjeux médico-légaux autour de l'érotomanie
https://dumas.ccsd.cnrs.fr/dumas-02967693
Contexte, hypothèses et objectifs : l’érotomanie est considérée comme une maladie
rare en pratique clinique et ses mécanismes psycho et physiopathologiques ne sont
pas toujours bien compris. Nous nous sommes interrogés sur l’évolution de son concept
au niveau historique, sur les différentes présentations cliniques, mais également
sur les diagnostics différentiels et sur les enjeux de prise en charge, notamment
d’un point de vue médico-légal. Une érotomanie induit-elle forcément de la dangerosité
? Comment se prémunir du risque hétéro-agressif ? Méthodologie : nous avons réalisé
une revue de littérature large en utilisant plusieurs bases de données scientifiques
ainsi que des ouvrages littéraires. Nous avons illustré notre propos par trois cas
cliniques de patients rencontrés au cours de notre pratique. Résultats : le concept
de l’érotomanie connaît une évolution historique mouvementée au cours des siècles,
les auteurs ne s’accordant pas tous sur les origines psychopathologiques du trouble.
Sa clinique prend différentes formes, pures ou mixtes, s’intriquant parfois dans des
tableaux complexes. Les érotomanies pures sont plus rares que les érotomanies secondaires.
Ces dernières s’intriquent fréquemment dans des tableaux psychiatriques variés et
larges (schizophrénie, trouble bipolaire, trouble de la personnalité). L’érotomanie
représenterait 1% des troubles délirants persistants. Les causes organiques secondaires
représenteraient quant à elles 5% des érotomanies, avec une prédominance nette des
troubles neurologiques et auto-immuns, dont les mécanismes ne sont d’ailleurs pas
saisis entièrement et qui ouvrent des perspectives d’études complémentaires. De nouveaux
facteurs environnementaux comme les réseaux sociaux semblent prédisposer l’émergence
de tels symptômes. Son pronostic semble variable, jonglant entre les deux extrêmes
d’une rémission complète et d’une fixité chronique sans amélioration. Il existe différents
diagnostics différentiels, notamment le harcèlement dit « stalking », phénomène négligé
et pourtant problématique : on estime que jusqu’à 30% des érotomanes sont aussi auteurs
de stalking et que leur cible privilégiée demeure les médecins, psychiatres en première
ligne. Aucun texte en France ne légifère ce comportement déviant. L’érotomanie nécessite
une prise en charge à la fois institutionnelle, psychothérapeutique et médicamenteuse,
et une prévention adaptée à plusieurs niveaux (en amont des symptômes, après les premiers
signes, après les passages à l’acte). La dangerosité psychiatrique est à redouter,
de surcroît si l’on est intervenant en santé mentale. Il n’existe pas de plan d’action
de référence proposé aux praticiens dans le but de se prémunir de ce risque. Discussion,
conclusion : nous avons constaté la variabilité des tableaux cliniques, en matière
de diagnostic, d’évolution, de pronostic et de prise en charge. Aucun consensus n’est
établi et la guidance thérapeutique se fait au cas par cas. Bien que la dangerosité
de l’érotomane apparaisse comme surestimée par les études médico-légales actuelles
et par les fantasmes servis par la culture populaire, elle demeure le principal enjeu
médico-légal. Le clinicien doit toujours évaluer ce risque, et s’en prémunir en se
distançant d’une relation duelle narcissique, et en protégeant ses données personnelles.
La prévention répond toujours à une logique de réduction des risques. Par ailleurs,
la prévention tertiaire consiste parfois en la privation de liberté d’un patient érotomane,
à des fins de mise en sûreté de la société.
2020
DUMAS - Dépôt Universitaire de Mémoires Après Soutenance
France
thèse ou mémoire
érotomanie
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